09/05/2011
Les serres royales belges
Visite des serres royales de Laeken
Dire que j’ignorais tout simplement l’existence de ce petit paradis sur terre, construit en 1873 pour le roi Léopold II. De l’extérieur cet ensemble ressemble à une ville de verre, recouverte de vastes coupoles, qui prendrait presque un petit air oriental. Alors qu’à notre époque du transport rapide, train, avion ou autoroute, il se situe à une petite poignée d’heures de Lyon. En effet, Bruxelles par la route se trouve très exactement à 734 kilomètres de chez nous.
Il a fallu la proposition d’un camarade de promotion d’organiser la première réunion de notre promotion, 36 après que nous ayons fait le choix d’une école, qui nous a fait parcourir une vie professionnelle au pas de charge, pour que je visite ces splendides serres.
Nous nous retrouvons le samedi 30 avril au matin, avec comme programme de cette première journée une visite à vélo de quarante kilomètres à travers les grands parcs de la capitale belge. Ce fut une splendide balade, nous étions une trentaine de participants avec les conjoints. Au gré des trois heures de cette promenade nous nous sommes rappelé nos souvenirs de potaches, qui faisaient les quatre cents coups, et pour ceux qui s’étaient plus ou moins perdus de vue, nous nous sommes raconté nos parcours professionnels. Mais il est étonnant de constater l’effet produit sur un groupe de cadres supérieurs et très supérieurs pour certains d’entre nous, lorsqu’ils se retrouvent et se replongent, plus de trente ans en arrière, dans l’insouciance de la jeunesse. J’ai pu constater avec plaisir que l’homme au fond de lui-même reste un enfant, et il ne faut pas grand-chose pour que les barrières de la convention cèdent, et que sa nature profonde refasse surface.
Pourquoi ce préambule alors que je compte vous parler des serres royales ? Tout simplement pour ne pas passer pour des malotrus au début de la narration que je vais entreprendre. En effet, ces serres ne sont ouvertes que trois semaines par an. Alors vous imaginez la cohue. Notre camarade organisateur fixe le départ au pied de chez lui à huit heures trente pétantes le dimanche premier mai, afin d’être en bonne position pour la visite, les guichets ouvrant à neuf heures trente. Le prix est modique, 2,50 euros et l’argent récupéré est utilisé pour une œuvre caritative.
Donc, nous voilà réunis devant l’immense esplanade qui donne accès au château et à ses serres. La foule grossit rapidement, les bus arrivent sans discontinuer et déversent leurs flots. Derrière les grilles, à quelques deux cents mètres, nous entrevoyons les guichets, un peu similaires à un péage d’autoroute. La police nous canalise de l’autre côté de la route très passante. Puis, à l’heure fatidique, les grandes grilles en fer forgé rehaussées de dorures s’ouvrent. La police bloque le trafic routier. La foule traverse au premier signal et s’engouffre en direction du lieu où donner son obole, ce qui permettra d’accéder à la magnificence. Des personnes sont devant nous, la marche est alerte, personne ne voulant céder sa place, car il ne faut pas grand-chose pour perdre cinquante places voire plus.
Mais voilà, l’esprit jeune retrouvé, l’un d’entre nous se met à accélérer le pas en distançant la tête de la masse humaine en déplacement le long des immenses allées bordées de pelouses. Nous lui emboîtons le pas en rigolant, sous le regard stupéfait de certaines de nos épouses qui n’auraient jamais imaginé que leurs maris puissent faire ce genre de blague. J’entends l’une d’entre elles faire la remarque suivante à son époux hilare « ça fait franchement franchouard » , mais tout en le disant elle avance presque à notre rythme au côté de son mari qui rit aux larmes, alors que dans la vie c’est un monsieur très distingué avec lequel il est très certainement déconseillé de se départir d’une réserve de bon aloi.
A peine a-t-elle fait sa remarque que le premier d’entre nous touche au but et dégaine sa monnaie en mettant le poing en l’air en guise de victoire et en annonçant d’une voix triomphante « number one ». Ce qui nous fait littéralement éclater de rire.
D'être les premiers, cela nous permettra de parcourir ces immenses serres presque seuls. Etant lyonnais, j’aime à me promener dans les serres du parc de la Tête d’Or qui recèlent de magnifiques collections. Mais là, je suis subjugué, une multitude de fleurs, grosses voire énormes, ou minuscules mais très nombreuses. Des murs végétaux épais cachent par endroits totalement les parois métalliques . Des pelouses de plantes indéterminées entre la mousse et la fougère miniature, qui par secteurs prennent au cordeau des teintes de vert différentes, un ton très clair qui tranche sur un vert profond presque noir. Des grandes coursives le long desquelles dégoulinent une multitude de fleurs en cascade. Je m’extasie devant des coloris et des nuances que je n’avais jamais vus dans la nature, des marrons clairs, des jaunes luminescents, des bleus profonds sombres et éclatants, des roses évanescents, des rouges éblouissants.
Et cela dure, dure, le long de ces couloirs qui ouvrent sur des espaces envahis de ces splendeurs versicolores. Les mots me manquent pour décrire tant de beautés. Par endroits les fleurs sont si serrées ou parfois si denses, que l’on imagine un tapis sur lequel on pourrait marcher. Et toujours ces couleurs à l’infini qui se mélangent, vives et diversifiées. Je vais ressortir de ce lieu magique dans un état que je qualifie avec difficulté, je ne sais quel mot employer peut-être plusieurs n’y suffiraient pas, conquis, ensorcelé, envoûté, enchanté, fasciné, émerveillé ; tout cela à la fois et sans doute plus.
Je ne peux que conseiller de faire cette visite. Même ceux qui ne sont pas particulièrement attirés par les fleurs seront ébahis par cet incroyable et colossal mélange de formes et de couleurs qui s’associent avec harmonie le long des ces immenses espaces royaux.
17:39 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bruxelles, serre, laeken, leopold
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