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06/05/2011

Montagne de Reims, les Faux de Verzy

                                  Les Faux de Verzy

 

Verzy est un petit village sur la bordure est de la montagne de Reims, charmante petite agglomération de la plus prestigieuse région viticole de France, voire de la terre ! Tout le monde ne sera peut-être pas d’accord. Même si l’on préfère un bon rouge de Bordeaux ou de Bourgogne, ou un excellent blanc comme un Condrieu ou un Pouilly Fuissé, sans parler des vins étrangers qui battent parfois leurs homologues français dans des dégustations à l’aveugle, reconnaissons que le champagne et ses bulles sont le symbole universel de la fête. Outre un magnifique vignoble s’étalant à son pied, ce village recèle  une curiosité rare, qui se cache au cœur de sa forêt domaniale, une population d’arbres, appelés Faux de Verzy.

 

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Il s’agit d’une colonie exceptionnelle de hêtres aux formes extraordinaires. Les branches et les troncs, prennent  les allures et les angles les plus  incroyables et ressemblent à des éclairs pétrifiés.  Non seulement leurs structures sont vraiment originales, mais leurs branchages s’incurvent jusqu’au sol, ce qui ajoute à l’étrangeté de ce peuplement d’arbres. On les appelle aussi hêtres tortillards.  Lorsqu’ils ont leur feuillage, ils s’apparentent à de grosses boules vertes posées à même le sol. Début mai, alors que les feuilles sont toutes neuves, leur vert tendre s’enlumine aux rayons du soleil, pénétrant les frondaisons des grands arbres qui les entourent, et alors ces hêtres étranges donnent un air mystérieux à la forêt, comme s’il s’agissait de quelques cachettes magiques protégeant les lutins de la forêt.

 

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Je me souviens, il y a fort longtemps les avoir vus en hiver. A cette saison seuls leurs squelettes, tels de grosses toiles d’araignée mal agencées, s’élèvent dans la forêt grise et froide, ce qui produit une forte impression.  Par contre comme en ce début mai 2011, lorsque ils ont leur frondaison, leur silhouette n’est plus du tout la même. Je vous conseille donc d’aller les contempler une fois en été et une fois en hiver.

Leur population dans la forêt domaniale de Verzy est estimée à huit cents. On trouve aussi ces hêtres tortillards dans quelques autres régions d’Europe, mais en nombre bien moins moindre. Le site de Verzy, du fait de l’importance de sa population de Faux, semble le seul lieu susceptible d’assurer la viabilité de l’espèce, et par conséquent il constitue une richesse exceptionnelle.

 

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Mais d’où proviennent ces arbres mutants ? Ce phénomène peut de même s’étendre au chêne et au châtaigner. Peut-être au pin ? En effet je me souviens avoir vu des pins tout à fait étonnants par leurs zigzags le long du courant du Huchet petit cours d’eau situé à une cinquantaine de kilomètres au sud d’Arcachon. Revenons à Verzy. Les premières descriptions connues de ces étranges habitants de la forêt datent de 1664. Il semblerait que l’emplacement des Faux  corresponde avec le positionnement des anciens jardins de l’abbaye, qui fut fondée au VII siècle, une centaine d’années après que saint Basile, évangélisateur de la Lorraine se soit fait ermite en ces lieux. Depuis elle a disparu, car vendue comme nombre d’autres édifices religieux à la révolution comme biens nationaux. Elle fut détruite peu après, ses pierres étant commercialisées par le marchand de biens qui s’était porté acquéreur.

 

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Y-a-t-il un lien entre les moines et les Faux. Ces ecclésiastiques les auraient-ils mis en terre dans leur jardin et entretenus ?  Ces arbres ont un patrimoine génétique particulier. Ils peuvent parfois se reproduire par graines la faîne chez le hêtre, mais rarement.  Plus généralement ils se reproduisent par deux phénomènes distincts.

 

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Le drageonnage : derrière ce mot barbare se cache tout simplement l’apparition d’un bourgeon à partir d’une racine. Ce bourgeon se développant, il donne naissance à un autre arbre, qui va couper ses liens par racine avec son géniteur et il devient arbre à part entière.

Le marcottage : les branches, lorsqu’elles touchent le sol,  prennent racine et à leur tour donnent naissance à un arbre qui s’émancipera  à la recherche de son autonomie.

 

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Voilà si vous passez dans le coin et les occasions ne manquent pas, le champagne, le fort de la Pompelle, haut lieu de la guerre de 14-18, où tout simplement lors d’une liaison, ce qui était notre cas, revenant de Belgique, prenez le temps  de faire un détour et d’aller musarder en forêt vers ce petit coin de paradis très curieux, vous ne le regretterez pas.

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