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28/11/2014

Lyon les Vosges à vélo en novembre

 

                Lyon Cornimont à vélo en novembre

 

Rouler à vélo en France, selon les saisons les sensations sont très différentes. L'été, outre une température clémente, les journées longues permettent de prendre son temps et de faire des détours, de s’arrêter pour profiter de paysages superbes qui se découvrent au fil du chemin. L'hiver la clémence du temps a généralement disparu, mais plus embêtant les jours sont dramatiquement courts, le brouillard menace et l'arrêt est impératif au plus tard à dix-sept heures.

 

J'avais déjà testé la balade à vélo en hiver, il y a déjà quelques années en effectuant une traversée des grosses bosses de Provence sur six jours et six cents kilomètres. J'ai donc une assez bonne idée de ce qui m'attend. Je compte réitérer , mais cette fois ce sera le Jura et non la Provence. Les conditions climatiques risquent d'y être plus rudes.

L'itinéraire précis me mènera de Lyon à Cornimont dans les Vosges, à proximité de la station de la Bresse. La distance est de 377 kilomètres avec à peu près 4000 mètres de dénivelé, que je vais parcourir en quatre jours.

Initialement le départ est prévu pour le cinq novembre, mais je retarde mon départ au lendemain pour raisons météorologiques. Cependant, les prévisions à quatre jours à partir du six ne sont pas folichonnes, mais je maintiens mon départ. En effet, prendre la pluie au mois de novembre dans le Jura , ce n'est pas vraiment une partie de plaisir. Je me dis que j'aurai toujours la possibilité de me rabattre sur la gare la plus proche et de terminer, certes de manière peu glorieuse, mon aventure par le train, ou appeler mon épouse qui viendra me chercher en voiture.

 

6 novembre 74 km Lyon Poncin

 

Le temps ce matin invite au départ en présentant un beau ciel bleu. Cette première journée sera sous le signe de la sécheresse. Je démarre à huit heures et je rejoins le bord du Rhône et je remonte la via Rhodania sur une vingtaine de kilomètres. Les eaux du fleuve, du canal de Jonage ainsi que celles du Grand Large ont une teinte bleue, froide et métallique bien représentatives des conditions austères d'un mois de novembre. Sur la piste pas grand monde. Je suis bien habillé. Le bout des pieds se refroidit vite à cause de l'humidité importante.

 

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Quelques kilomètres avant le confluent du Rhône et de l'Ain, je quitte le premier pour une petite route qui suit le second. Vers les onze heures je m'arrête dans le village de St-Maurice-de-Gourdans et fais quelques courses. J'en profite pour prendre un café dans un bistrot au charme discret et au plancher en bois sombre, où les habitués sont accoudés devant un petit blanc, un petit rouge ou une bière. Cela me rappelle une expérience vécue pas très loin d'ici il y a une dizaine d'années, alors que je remontais le Rhône à pied au mois de décembre. Je venais de passer la nuit dehors, au lever du jour j'avais vite plié ma tente, et dans un brouillard à couper au couteau j'avançais dans un village lugubre et mort. Sur le côté gauche, une lumière blafarde décelée à quelques mètres annonce un bistrot. Quelle chance, je n'avais pas mangé depuis la veille à midi. Je passe le pas de la porte et me retrouve dans un local bien chaud, où une population d'habitués se pressait dès sept heures du matin. Mon arrivée en décembre chargé de mon sac à dos, dans cette aube qui peinait à venir, laissa pour le moins les clients et la tenancière intrigués. Je me glisse furtivement dans ce lieu, ayant bien le sentiment d’être identifié comme le Père Noël en avance de quelques semaines, ou alors comme ET à la recherche d'un «téléphone maison». Comme quoi il n'y a pas besoin d'aller très loin de chez soi pour se retrouver dans un monde plein de surprises. En repensant à ces souvenirs déjà lointains, je savoure mon café en emmagasinant une douce chaleur.

Après une demi-heure je reprends mon chemin, et me retrouve rapidement au bord de l'Ain sur une minuscule route à la circulation inexistante. Cette rivière magnifique, sauvage et au débit rapide est un paradis de la pêche à la truite et à l'ombre. Je réalise que j'ai quitté Lyon par un itinéraire pratiquement sans avoir subi les dangers de la circulation automobile.

Vers midi le soleil chauffe à peine, mais les conditions pour rouler sont bonnes. Cependant la moindre transpiration procure une petite sensation de froid. Je préfère rouler par 45° dans un pays comme la Thaïlande ou dans le désert de l'Atacama en Amérique du Sud que par ces températures frisquettes dans un air saturé d'humidité.

Je vais devoir m'arrêter pour manger, et si possible dans un coin pas trop exposé au vent frais qui suit cette basse vallée de l'Ain. Je fais un détour par un minuscule hameau, et là le recoin d'un vieille bâtisse bien exposée au soleil et protégée du vent, m'offre un point d'arrêt très confortable.

Le retour sur le vélo me demande un effort. Mais c'est toujours ainsi le premier jour, lorsque l'entraînement fait défaut. Le voyage à vélo permet une montée en puissance progressivement après quelques jours, le rythme est pris et va être entretenu presque à l'infini. Malheureusement, dans le cas présent la brièveté du voyage la cadence n'aura pas vraiment le temps de s'installer que je serai arrivé.

La ville de Pont-d'-Ain apparaît. J'hésite à chercher un hôtel, mais il est trop tôt, aux environs des deux heures. Je continue donc ma route, et après quelques recherches dans le village de Neuville-sur-Ain, je trouve un joli hôtel juste en bordure de rivière. Hélas il est complet. Son propriétaire très sympathique me conseille d'aller à Poncin à quelques kilomètres.

Le village se situe un peu en dehors de la route. Par une ruelle en pente je débouche sur la place centrale et là effectivement il y a un hôtel. La patronne est assise à sa terrasse et immédiatement une chambre m'est proposée. Cette étape de 74 kilomètres, même si le dénivelé a été pratiquement nul, je la sens bien dans les jambes.

S'arrêter, au hasard de la fatigue ou la nuit, c'est le grand plaisir de la 'roulette russe' du voyage à vélo. Ne rien réserver, avoir le petit coup au cœur lorsqu'on vous annonce qu'il y a une chambre de libre ou non. Dans le premier cas on relâche la tension du cerveau en état de recherche, dans le second tous les sens encore en éveil on repart à la quête d'un toit. Dans des régions reculées de France, surtout en dehors de la période touristique, ce n'est pas toujours gagné d'avance. Il reste le dernier recours, la solution lourde, sortir la tente. En effet, je l'emporte systématiquement ou presque. Particulièrement à cette époque, coucher dehors est difficile, car la nuit s'étend de 17 heures à 7 heures le lendemain. Rester plus de dix heures dans un espace réduit n'est pas forcément une grande partie de plaisir. Par contre en été, une belle pelouse dans un camping communal confidentiel perdu au fond de la France profonde, comme j'en ai connu cet été au bord de la Saône, là on est au paradis. La tente dans ces conditions devient le meilleur abri pour le voyageur.

Après avoir déposé mes affaires dans ma chambre et remisé mon vélo dans un petit local, je pars à la découverte de ce joli petit village de Poncin. Dans le soleil couchant, une vieille maison à l'allure de manoir, peut-être hanté, offre à la lumière de l'astre du jour déclinant sur l'horizon sa façade couverte d'une vigne vierge rouge sombre.

 

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Je me dirige vers l'église, qui est ouverte. Généralement elles ne le sont pas même dans les petits villages, car les dégradations gratuites et les vols d'objets religieux sont devenus banals. Une belle vierge multi-chrome est l'attraction du lieu. Cette statue de la Vierge à l'enfant en majesté date du début du 14ème siècle.

 

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Le voyage en solitaire, que ce soit à pied ou à vélo se décompose en deux séquences journalières bien marquées, le déplacement et le repos après l'effort. Lorsqu'on avance tous les muscles en fonctionnement, on se retrouve face à soi-même à l'écoute de son corps, et l'esprit en éveil à la recherche permanente de l'itinéraire. La solitude dans ces conditions on s'y adapte facilement, on la rechercherait presque. Par contre une fois arrêté dans l'attente du départ du lendemain, pour ma part je me sens un peu seul et une présence me manque. L'idéal serait peut-être de pédaler seul la journée et se retrouver le soir.

 

Ces pensées me traversent la tête alors que je déambule le long des rues du village.Un affluent de l'Ain traverse le bourg, je vais regarder si une grosse truite se laisserait observer. À défaut de truite je tombe sur un chat pas farouche, qui cependant fait des simagrées avant de se laisser approcher et caresser. Juché du haut d'un mur, sur lequel il a sauté à pas mesurés, il me regarde d'un air hautain et tolère juste que je le gratte un peu.

 

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Après cette promenade vespérale je rejoins mon hôtel, qui fait restaurant. Une magnifique tranche de bœuf accompagnée d'un vin rouge du coin, une mondeuse bien noire me fait le plus grand bien après cette journée à pédaler.

7 novembre Poncin à Lons-le-Saunier 88 km 1100 m de dénivelé

Petit déjeuner sympathique au cours duquel l'hôtelier me narre des parties de pêche mémorables au détour des berges de l'Ain. Il me parle de truites énormes, guettées de longues journées, puis finalement attrapées. Pourquoi durant des jours elles dédaignent les vers des pêcheurs au toc, ou les insectes artificiels des pêcheurs à la mouche, et d'un coup se décident? Mystère!

À 8heures 20 je démarre et remonte la vallée de l'Ain. Il fait froid, la végétation a déjà perdu ses belles couleurs éclatantes d'automne, pour prendre des teintes plus ternes, qui font déjà penser à l'hiver.

J'ai froid aux pieds. La route est magnifique et la rivière très présente. La circulation en ce matin frisquet est quasi nulle. Oui la France permet de belles échappées à vélo loin des camions et des voitures.

 

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L'Ain par endroits offre des méandres pour le moins prononcés en forme d’Oméga. Après deux heures d'effort, un bar est bien tentant, seul isolé en bordure de route, surplombant la rivière. Non, je ne m'arrête pas. Le trajet jusqu'à Lons-le-Saunier est encore long, et le temps évolue à la pluie. De ce fait la nuit risque de me surprendre avant les 17 heures fatidiques.

Par un petit pont je passe rive droite et par une minuscule route je me dirige vers le barrage de Vouglans. Trois pêcheurs tentent leur chance au brochet. Je m'arrête et les interrogent. Chacun sa caste, ils me le font comprendre en me répondant d'un ton narquois et amusé, qu'ils pêchent des poissons. Mais devant ma curiosité non agressive, ils me réalisent que j'en connais aussi un rayon en la matière. Alors, enfin ils m'acceptent comme membre de leur tribu et la discussion devient intéressante.

Mais attention, le temps file, et les nuages deviennent toujours plus menaçants. Par une belle montée je double le barrage et je rejoins le village de Cernon qui le domine. Il est désert. Je ne mangerai pas au chaud, car aucun espoir de trouver un bistrot. Alors je choisis de m’arrêter au pied d'un calvaire afin de rapidement manger. J'en profite pour me changer, car le fond de l'air est frais. Je prends cependant le temps nécessaire pour mastiquer, car la précipitation dans ce domaine se paie toujours un peu plus tard par des aigreurs d'estomac.

Encore une agréable portion de route, serpentant entre bois et prairies, me conduit à la ville d'Orgelet. Je rejoins une route très passante. Je vais devoir la suivre durant une vingtaine de kilomètres pour arriver à Lons. L'humidité se renforce, prémices de pluie imminente. Vais-je y échapper? J'appuie au maximum sur les pédales, mais je suis enferré le long d'interminables faux plats qui font tomber ma moyenne à une vitesse ridicule.La course contre la pluie est engagée, mais le chronomètre joue contre moi. Effectivement les premières gouttes arrivent, elles deviennent de plus en plus grosses et serrées. Je finis par m’arrêter et je mets mon imperméable. Les sept derniers kilomètres je les parcours sous de véritables trombes. Mais l'énergie dégagée à me presser m'empêche de me refroidir. Une fois au centre de Lons je dégotte un hôtel au look intemporel, qui me fait penser à certains établissements que j'ai fréquentés au plus profond du Pérou ou de la Bolivie. La France reste très surprenante. Une chambre du bout du monde m'est proposée. Trois étages raides à escalader avec mes sacoches. Enfin me voilà sous la douche. Je ne me serais pas vu cette nuit aller dormir au coin d'un bois tout dégoulinant suite à l'abattée de cet après-midi.

Cette petite ville est charmante. Avec la nuit qui vient, les éclairages mettent en exergue les bâtiments. J'arpente la rue de Arcades. Elle est pavée, et me fait penser à ces villes des siècles derniers. J'en profite pour aller faire un repérage en vue du dîner. Je vais jeter mon dévolu sur une brasserie qui propose un succulent civet de sanglier . Bien évidemment je l'accompagnerai d'un bon vin rouge du Jura, un poulsard. Encore une fois je pars me coucher bien repu. Une fois dans ma chambre je cherche un bulletin météo sur BFMTV. Les dieux semblent être avec moi, demain grand beau temps, sans l'ombre d'un nuage toute la journée. Je m'endors d'un cœur léger.

 

8 novembre Lons-le-Saunier à Rioz 118 km 1400 m de dénivelé

 

Petit déjeuner au bar de l'hôtel. Nous sommes samedi matin. Je suis abordé par un fêtard sans doute encore bien imbibé, qui me voyant en cuissard se sent obligé de venir me parler vélo. Je n'arrive pas à m'en dépêtrer. La serveuse par derrière me fait des signes désespérés et des clins d’œil amusés, me voyant en situation agaçante.

Je commence par traverser la ville. Dans ce petit matin frisquet les rues sont désertes en ce jour du Seigneur. Rouler en ville dans ces conditions est agréable. Je prends la direction de Château-Chalon. Très rapidement je me retrouve au milieu des vignes. En ce milieu d'automne, les couleurs du vignoble, où le jaune domine, sont vives, et donne un contraste net en se découpant sur un ciel bleu. Les rayons du soleil encore bas mettent en valeur ce magnifique coin du Jura.

 

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La route strie un long flan de colline. Comme toujours dans ces conditions le miracle s’accomplit. Au fur et à mesure de la montée le panorama s'élargit toujours plus.Quelques virages serrés me donnent accès à cette petite ville perchée. Je m'arrête et me penche pour regarder des constructions qui s'accrochent au-dessus du vide dans des pentes raides.

Je reprends mon chemin par une route confidentielle, ignorée des véhicules à moteur, qui semble monter dans le ciel. En une dizaine de kilomètres elle mène à Poligny. De colline en colline je me déplace au milieu de grandes prairies, où de très nombreuses vaches manifestement bien nourries, me regardent passer placidement, mais avec curiosité. Leur gros yeux me suivent longuement alors que je défile très lentement, en me demandant quand ça va s'arrêter de monter. Mon bringueur imbibé de ce matin m'avait prédit des côtes rudes et longues. Manifestement il a une bonne bonne connaissance des lieux, et ses brumes alcooliques ne lui ont pas trop grippé les neurones.

Ma moyenne est ridiculement faible. Je me demande où je serai ce soir, en étant bien conscient qu'à 17 heures il me faudra m'arrêter. Enfin, je renoue avec le plat et rapidement la panorama s'étend, prémices de grande descente à venir. En effet, je me laisse entraîner dans un versant nord, humide et froid, plongé dans l'ombre. Autant foncer dans la descente enété est enthousiasmant, en novembre tout suant on prend vite froid et la peau du corps entier se rebelle.

Rapidement je rejoins Poligny. D'un coup en sortant de l'ombre le soleil reprend le dessus et la température monte nettement. Le centre ville est accueillant, un bar à la terrasse remplie. Incroyable, en quelques kilomètres je passe de l'hiver à l'été. Cependant, prudemment je vais m'asseoir bien au chaud derrière la baie vitrée, qui fait effet loupe. J'adore ces arrêts que je qualifie de confortables, à recharger les batteries avant le retour sur la route.

Il est 11 heures et je n'ai parcouru qu’une vingtaine de kilomètres, alors que j'en prévois plus de cent aujourd'hui.Je commence à me poser des questions. Mais l'expérience aidant je sais que tout est possible et que tout espoir n'est pas abandonné d'atteindre Rioz ce soir. Je me dis que si à la nuit tombée je me trouve en rase campagne, j'ai toujours la solution de monter ma tente, dans une pâture ou au coin d'un bois. Mais en cette fin d'année si je peux éviter cette solution 'extrême', je ne me fais pas prier.

Perdu dans mes pensées le temps file, mais je suis si bien sur ma banquette bien au chaud dans cette ambiance bon enfant d'un bistrot d'une petite ville le dimanche matin. Il me faut cependant m'y recoller. Afin de gagner du temps et de la distance, je prends la RN 83 sur une quinzaine de kilomètres jusqu'à Mouchard, en laissant Arbois sur la droite. Rouler sur des routes à grande circulation n'est généralement pas une partie de plaisir. En ce samedi matin la circulation est faible et de plus la bande latérale fournit une bonne sécurité au cycliste. Le réseau routier français, sans présenter les qualité de celui de l'Allemagne en matière de circulation des vélos, est cependant de bonne qualité pour les deux roues.

Arrivé à Marchand je renoue avec le réseau secondaire en prenant la direction de Saline royale, située en lisière de la forêt de Chaux. Cette dernière est traversée d'une belle piste cyclable de 12 kilomètres. Qu'il est agréable d'y pédaler par ce temps immobile. Au nord je rejoins le Doubs et la piste cyclable en suit la berge. Je serais bien laissé le long de cette rivière, mais mon chemin à partir de Saint-Vit prend une direction nord et la rivière continue à l'est.

 

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Il me reste 40 kilomètres à parcourir avant d'atteindre Rioz. La course contre la montre est lancée. Les aléas sont nombreux, un coup de fatigue, un vent adverse, une côte raide relativement longue et les prévisions sont bouleversées, alors que la nuit me guette inexorablement vers les 17 heures.

Cette dernière partie de mon trajet vers Rioz va se passer à bonne vitesse par de petites routes à travers champs et bois. Un peu avant les 17 heures fatidiques je rentre dans cette petite ville de Haute-Saône. Je trouve un au charme réel, installé dans une ancienne grande bâtisse à mi-chemin de la ferme et du château-fort. Mes 118 kilomètres je les ai faits. Je vais découvrir un plat local succulent: le poulet à la cancoillotte.

 

9 novembre Rioz à Cornimont 98 km 1400 m de dénivelé

L'hôtelier gentiment a décidé de se lever plus tôt pour me préparer un petit déjeuner.Ce matin le temps n'est pas particulièrement engageant. Cependant je reste optimiste, en effet hier soir en regardant le bulletin météorologique, j'ai constaté qu'à l'extrême bord nord-est de la carte de France, il y avait une petite lucarne plus claire. C'est justement par là que mon itinéraire passe. Donc j'ai bon espoir de passer entre les gouttes, alors que la France dans sa très grande partie va être sous la menace de gros nuages bien noirs.

En préparant mon vélo devant l'hôtel, il faut y croire au beau temp. Il fait froid et la pénombre est signe de couche nuageuse épaisse. Une petite bruine commence à tomber et je mets mon imperméable, mauvais présage. Mais quanq je regarde là-bas vers le nord-est, effectivement je constate que la petite lucarne plus claire est bien là. Je n'ai plus qu'à forcer sur les pédales pour prendre le mauvais temps de vitesse. En ce dimanche matin la D15, qui conduit à Villersexel, est triste sombre et déserte. La pluie claque sur mon ciré. Mais tout là-bas la tache claire dans le ciel s'élargit toujours plus. La pluie s'arrête, je retire mon imperméable. Après Montbozon j'emprunte de minuscules routes agricoles à travers champs. Le plaisir est grand de traverser en prenant le temps de contempler ces coins de la France profonde.

 

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Vers midi je fais une halte à Lure, puis je reprends ma route vers les Vosges. Différents villages que je connais bien défilent, Mélisay, Ternuay et d'autres. J'effectue une pause casse-croûte au borde de la belle petite rivière l'Ognon. J'essaie de voir quelques truites dans le courant. Mais à cette époque de l'année, où il n'y a pas beaucoup d'insectes volant au-dessus de l'eau à gober, elles restent bien cachées.

J'attaque la dernière partie de mon voyage, en partant à l'attaque des deux petits cols qui me séparent de mon but, le col des Croix et celui du Ménil.

 

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Au pied de ce dernier à) quelques 8 kilomètres de Cornimont un coup de fringale me stoppe. J'en profite pour terminer mes provisions, dont l'une partie je transporte depuis 300 kilomètres. Je n'ai plus qu'à me laisser glisser dans une pente modérée vers Cornimont, en longeant en finale la jolie petite rivière le Ventron tout en courbes.