11/05/2016
Un mois à vélo au cœur de la Mongolie
Fin de voyage le dernier jour de vélo
C'est toujours un peu bizarre de se dire ça y est c'est fini ou presque lorsqu'on attaque le dernier jour , alors que depuis 23 jours vos journées s'écoulent au rythme du déplacement à vélo, avec tous ses aléas et ses surprises.
9 juin Ulan Bator 30 derniers kilomètres
Nous quittons notre hôtel vers les 10 heures. Il ne fait pas beau du tout, la pluie est assez forte par moments. Il fait froid. Plus nous approchons de la capitale, plus le trafic est dense. Heureusement nous roulons sur des pistes cyclables et sur les terre-pleins un peu au-dessus de la chaussée. Il y a de grandes flaques et de temps à autre les véhicules nous envoient de grandes giclées. Devant moi je vois Yves recevoir une véritable vague provoquée par un camion. L'arrivée en ville est cauchemardesque, pluie, boue, chaussée inondée, vent et froid. En plus à 7 kilomètres de notre but, je crève pour la première fois en 40 000 kilomètres. Bien entendu c'est dans un endroit absolument horrible au milieu de travaux dans un trafic très dense. On répare vite. La crevaison a été due à un minuscule morceau de câble métallique. Yves est très bon, il a immédiatement localisé le trou et enlevé du pneu l'épine métallique. Vers 14 heures nous sommes au centre ville. Il nous faut faire trois guest-houses pour trouver une chambre. Nous allons profiter des trois jours à venir pour visiter et faire quelques achats. Nous avons déjà acquis de magnifiques peintures sur tissu représentant des hommes en armes et des animaux.
Voilà notre périple prend fin. Il va falloir attendre un peu et prendre un peu de recul pour vraiment se faire une idée de ce voyage particulier.
Un grand merci à ceux qui nous ont mis des petits mots, ça fait toujours très plaisir
Je vais vous décrire les 9 jours après Tetserleg
Ces neuf jours se sont déroulés à travers des steppes à l'infini, mais l'été s'installant les conditions météo ont été beaucoup plus clémentes que lors des 15 derniers jours de mai.
Mardi 31 mai Battsengel 89 km temps de parcours 6h43 dénivelé 620 m
Nous démarrons tranquillement vers 9 heures après un petit déjeuner gargantuesque. Nous suivons la grande route sur dix kilomètres puis nous obliquons à droite, confiants car la direction de notre destination est indiquée en début de piste. Après une dizaine de kilomètres dont une bonne partie en montée, Yves trouve que cela ne colle pas. Nous ne sommes pas sur la trace du GPS et de plus nous pouvons constater que notre route part trop au nord. Nous essayons de rectifier notre itinéraire. Nous nous dirigeons vers des marais. Alors commence une terrible attaque de meedjes, minuscules mouches très agressives et nous sommes chacun piqué des dizaines de fois. Nous nous extirpons au plus vite de ce sale endroit. Nous rejoignons la grande route afin de prendre une piste 7 kilomètres plus loin. Cette fois-ci la piste nous mène à bon port. Sa qualité est inespérée, nous roulons très bien et vite. On voit apparaître la ville une quinzaine de kilomètres avant de l'atteindre. Sur cette dernière distance la piste est mauvaise et nous trouvons le temps long.
Enfin nous y arrivons et trouvons un lieu de chute agréable, bien qu'il n'y ait pas de douche.
Mercredi 1 juin Ogii Nuur 54 km dénivelé 77 m temps parcours 4h06
Ce matin il fait très bon. Nous basculons de toute évidence vers l'été en Mongolie. Nous sommes loin des températures que nous avons connues jusqu'à présent. Nous commençons par deux traversées de rivières. La seconde est importante, nous avons de l'eau jusqu'aux fesses et le courant est assez violent. Nous nous mettons à deux pour faire traverser les vélos, opération délicate car le courant est fort, et nous avons bien du mal. Cette journée va consister en la traversée d'une immense plaine absolument plate. Nous roulons dans le néant vert. Nous atteignons notre but vers 15 heures, et nous trouvons une chambre mais sans douche. De plus ils sont très économes à nous donner de l'eau pour mettre dans leur évier à siphon. Nos piqûres de meedjes nous font souffrir. Il est étonnant de voir ce que de minuscules bêtes peuvent déclencher comme réaction.
Jeudi 2 juin Gurvanbulag 95 km temps de parcours 7h20 dénivelé 259 m
Une journée encore sur le vélo dans ces immensités entre deux villages. La première partie de l'itinéraire qui sur la carte apparaît comme une route principale n'est en fait qu'une simple piste. Nous longeons le lac Ogii Nuur, endroit touristique. Plusieurs sites sont en préparation de recevoir des touristes. Sans doute viennent-ils ici pour pêcher ou faire du cheval. Pour le moment encore aucun Occidental, on nous a dit que la saison ne faisait que commencer début juin. Nos allons croiser trois véhicules qui transportent les premiers visiteurs de l'année. Il y a énormément d'animaux sur les rives de ce lac, surtout bovins et chevaux. Ces derniers, étrangement, se regroupent en nombre conséquent les pattes dans l'eau, spectacle étonnant.
Du lac au but de notre étape, 60 kilomètres au milieu du désert vert. Le paysage se répète à l'infini, et cette monotonie est tellement étonnante que l'on est pris dans une ambiance excitante. Par endroits nous perdons la piste et nous avançons directement à travers la prairie. L'été vient, il fait bien meilleur qu'au début de notre voyage il y a plus de deux semaines, la steppe verdit et les fleurs explosent partout. Certaines sont surprenantes, et sans doute spécifiques à la Mongolie.
Enfin du sommet d'une bosse nous voyons apparaître le village à cinq kilomètres. Dans cette partie finale la pistes est bonne, dure et lisse, alors que nous l'avons connue sableuse ou épouvantablement bosselée couverte de tôle ondulée.
Nous trouvons un hôtel, aux chambres immenses pour le prix habituel de 4, 5 euros par personne. Mais comme généralement l'eau est rare et il n'y a pas de douche. Nous nous lavons très superficiellement devant un petit évier surmonté d'un récipient dans lequel on met un peu d'eau que l'on fait couler en appuyant sur une tige, ce qui soulève le bouchon et libère le liquide. Mais nous ne nous laissons pas abattre et comme chaque soir nous nous mijotons une excellent gamelle dans laquelle nous mélangeons, pâtes, œufs et viande en boîte, le tout saupoudré d'une sauce grand veneur qu'Yves porte depuis le début de notre voyage.
Dans la très large rue principale du village des cavaliers passent au galop. Ils sont debout sur leurs chevaux, et ils sont magnifiques dans leur galopade rapide, affichant une parfaite maîtrise.
Vendredi 3 juin Dashinchilen 55 km temps parcours 4h30 dénivelé 140 m
Ce matin nous démarrons vers 9 heures, la journée d'hier ayant été difficile. Nous allons manifestement vers l'été, car dès le démarrage il fait très bon. Par contre rapidement la piste devient très mauvaise, terriblement sablonneuse, ce qui est la pire chose pour les cyclistes. A midi nous avons couvert à peine une vingtaine de kilomètres et pourtant nous avons pas mal forcé. Nous ne nous laissons pas démonter,et nous arrêtons à l'abri d'un buisson et faisons une pause déjeuner d'une heure. Nous constatons alors qu'une piste semble rejoindre la route goudronnée à l'est en quelques kilomètres au lieu des 20 de notre piste en sable. On se décide et nous traversons une petite rivière pour la rejoindre. Et miraculeusement notre calvaire prend fin. Une bonne piste roulante nous conduit rapidement à la route goudronnée. Comme cela est agréable de rouler sans résistance, mis à part un vent de face, mais pas trop puissant. Cette route droite qui se déroule vers l'infini nous donne presque le vertige. La Mongolie nous savions que c'était une immense plaine. Mais lorsqu'on y est, on prend vraiment conscience de cette démesure. Par exemple hier nous avons parcouru plus de 90 kilomètres entre deux villages. Imaginez que vous faites Lyon Valence sans voir personne.
Comme chaque fois que nous approchons d'un village nous le voyons surgir du sommet d'un minuscule monticule. Un trait multicolore apparaît, constitué de nombreux toits aux couleurs vives. Nous trouvons l'hôtel du village, correct, mais problème récurrent, impossible de prendre une douche. Cela commence à nous manquer sérieusement.
On nous confectionne une soupe très bonne aux légumes et à la viande. On m'avait dit qu'en Mongolie il fallait s'attendre à mal manger dans ces coins reculés où nous mènent les pistes désertes que nous suivons à vélo. Je suis surpris assez agréablement en constatant que nous trouvons toujours des petites épiceries, même dans certains villages plusieurs, où nous avons accès à un choix d'aliments certes pas extrêmement varié, mais cependant de bonne qualité avec de bonnes quantités, en particulier en biscuits secs et différents pains, ainsi qu'un joli choix de saucisses. Ces dernières sont devenues l'élément de base de nos pique-niques du midi sur la piste. La consommation est d'un belle saucisse à deux par jour, ou une demie lorsqu'elle est vraiment grosse.
Pour se laver ce petit récipient vert et c'est tout un problème pour obtenir un peu d'eau à y mettre
Samedi 4 juin Bayannuur 34 km temps de parcours 2h10 dénivelé 52 m
Cette nuit il a pas mal plu, et ce matin à 9 heures ça se calme juste. Le ciel reste chargé et le vent souffle. Nous ne sommes pas pressés car nous n'avons que 30 kilomètres à parcourir, de plus sur route goudronnée. Il nous reste à peu près 300 km pour rejoindre Oulan Bator, alors que nous avons encore une semaine. Nous avons donc tout notre temps.
Ces derniers jours ce qu'il nous a le plus manqué, c'est la possibilité de nous laver. En effet, à part leurs minuscules éviers à siphon ou robinet, pas d'eau. Juste de quoi se passer un peu d'eau à certains endroits. De plus pas question de laver ses affaires. On comprend aisément pourquoi ces hôtels de villages du bout du monde ne sont pas fréquentés par les touristes occidentaux.
Un Mongol me demande en anglais ce que je pense de l'accueil dans son pays et du comportement des gens. Bien entendu, par politesse je lui relate uniquement les expériences agréables et sympathiques que nous avons faites. Il sourit et me dit que ce n'est pas toujours comme cela. Alors je m'aventure à lui raconter nos contacts moins plaisants, comme ce gamin trop insistant nous dévisageant sans vergogne durant presque deux heures, ou la mauvaise invitation dans cette fameuse yourte de «l'enfer» où des femmes étaient agressives et particulièrement mal élevées, tout du moins pour nos critères d'hospitalité européens.
Nous prenons donc la route tranquillement pour une courte étape de 30 kilomètres sur un bitume excellent, une route déserte et rectiligne jusqu'au désespoir. Nous nous arrêtons au bord d'un petit lac, sur lequel des oiseaux noirs et blancs s'agitent en tous sens au ras de l'eau. Un groupe de touristes venus en minibus assistent au même spectacle. Nous engageons la conversation, ils sont français, de la région parisienne, je dirais même plus, l'une des femmes est de la même ville et du même quartier que Yves, Antony.
Nous arrivons rapidement à destination, et nous mettons en quête de trouver un logement. Ce que nous réalisons avec succès rapidement grâce à un homme à moto, à l'air plutôt inquiétant. L'endroit semble correct pour un prix très raisonnable. Alors l'homme à la moto revient et veut nous emmener ailleurs, alors que nous avons déjà accepté la chambre. Son attitude est gênante, car il est très insistant, d'autant qu'il nous fait son cinéma devant la propriétaire des lieux. Une fois installés nous voulons manger. La propriétaire nous indique un restaurant une centaine de mètres plus loin. Nous nous y rendons. Effectivement, il y a une salle déserte de clients, des boissons et une carte affichée. Nous demandons s'il est possible de manger. Il nous est répondu par l'affirmative, pensons-nous. Nous nous installons et les deux hommes présents ne s'occupent plus du tout de nous. Le premier s'assoit devant la télévision, le second continue de s'affairer dans la cuisine et puis s'en va par la porte de derrière. Nous assistons tout surpris à ce spectacle. Nous nous donnons cinq minutes pour voir comment évolue la situation. Le laps de temps écoulé, nous nous levons et disons au revoir à l'homme fixé devant sa télévision. Il nous sourit et nous partons. Bien souvent,nous avons du mal à comprendre l'attitude de ces gens. Mais peut-être faut-il se tourner vers la fameuse formule de Nicolas Bouvier et ne pas chercher à comprendre: On ne fait pas un voyage mais c'est le voyage qui nous fait. C'est à dire ne pas venir avec des idées établies et préconçues et des formats tout faits, mais laisser faire et regarder les choses.
Donc après avoir quitté notre restaurant, nous nous mettons en quête d'une épicerie où nous faisons quelques emplettes, et revenons nous faire à manger. Comme d'habitude nous nous préparons un excellent repas: une petite bière en apéro avec des chips, puis deux œufs au plat et une belle platée de grosses pâtes à la viande que nous avons achetées congelées, puis un biscuit fourré nappé de chocolat et un café.
Par contre dans ce pays, en dehors des lieux d'arrêt des touristes l'eau fait cruellement défaut. Cela fait maintenant quatre jours que nous ne nous sommes pratiquement pas lavés. Simplement ces minuscules petits réservoirs au-dessus d'un évier toujours lui aussi minuscule. Dans ces conditions il est particulièrement difficile de se laver, d'autant plus que généralement, cet unique point d'eau très spartiate se trouve dans le couloir où tout le monde passe. Certes il n'y a jamais grand monde, mais enfin. C'est la première fois au cours d'un voyage que je suis confronté à cette rareté de l'eau. Encore une expérience, très enrichissante sur les conditions de vie de par le monde, à prendre avec philosophie lorsqu'on y est soumis.
Mais un renseignement anodin nous laisse alors envisager que dans ces villages perdus dans ces régions sans eau, il y a des douches publiques. Nous nous rendons dans un magasin d'alimentation et nous posons la question en ayant peur d'être un peu ridicules. Mais non, immédiatement la réaction de la commerçante est positive. Elle nous emmène deux rues plus loin dans un enclos où se trouvent deux yourtes et effectivement à côté un petit bâtiment de bain public. Pour 3000 T, ce qui fait moins de 1,5 euro à deux nous avons droit à une bonne douche bien chaude. Pour ne rien cacher la couleur de l'eau qui nous coule dessus devient vite noire, depuis 4 jours que nous évoluons sur des pistes poussiéreuses dans la chaleur et la sueur.
Ce soir, une fois de plus nous nous faisons un repas gargantuesque arrosé d'un vin espagnol, je dis bien espagnol trouvé au fond de la Mongolie. Pas mauvais mais un peu doux pour des Français amateurs de rouge. D'ailleurs outre l'inscription en espagnol, il y a un petit commentaire en allemand, ce vin correspondant bien au goût de nos amis d'outre-Rhin.
Le plat ce soir a une saveur particulière, car Yves nous sort du riz et une purée qu'il traîne dans son sac de montagne et dans sa remorque de vélo depuis au moins une dizaine d'années, plus probablement deux. Il pense qu'il n'est pas impossible que sa purée soit montée au sommet de la Grande Ruine dans le massif de l'Oisans et cela fait un bon nombre d'années, à vrai dire c'était dans les années 90. Mais si le goût est un peu passé, la consistance est bien présente et nous avons le ventre bien rempli.
Dimanche 5 juin Lün 67 km Temps de parcours 4h33 dénivelé 681
Nous avons passé un bon moment dans ce petit hôtel en bord de route. La femme qui le tient est vraiment sympathique est prévenante. Elle a mis à notre disposition une salle à manger, c'était le confort. Elle nous a même proposé de nous faire cuire une carpe. Mais nous n'avons pas accepté, car nous nous souvenons qu'il y a quatre jours on nous en a offert un morceau. Il était absolument immangeable, car il avait un goût de vase incroyablement puissant. Pour ne pas vexer notre hôte j'ai jeté le mien en le cachant dans un sac de chips vide. Yves n'a pas eu le temps, il a enfourné tout le morceau.
Départ vers 9 heures, vent de face et temps couvert. Mais très vite le temps s'améliore et le soleil perce. Mais le vent reste défavorable, mais heureusement il n'est pas trop puissant. Des automobilistes s'arrêtent et nous donnent une bouteille de sprite. Nous roulons dans un infini, la route est pratiquement droite. Impression étrange que de se déplacer à faible vitesse dans ces immensités. Le trafic est presque nul.
Nous faisons la pause casse-croûte après une longue montée. Bien à l'abri en bordure de route nous mangeons notre saucisse comme chaque midi de puis 20 jours. Il ne nous reste que 15 kilomètres pour atteindre Lün. Ils sont vite parcourus car en descente.
Nous rejoignons une route principale un peu avant le village, le trafic devient un peu plus important, mais reste modéré. Ne pas oublier que la Mongolie est le pays à la plus faible densité de population au monde.
Nous trouvons un hôtel en bordure de route dans le village. Il est un peu déglingue, mais le personnel est sympathique.
Les trois photos ci-dessous montrent la base de notre alimentation, on a bien aimé on n'a jamais eu faim, alors qu'on nous avait dit qu'il fallait s'attendre à se la sauter.
6 juin bivouac 62 km TP 4H03 dénivelé 443 m
Nous partons vers les 8 heures, tout d'abord par la route sur une courte distance puis nous bifurquons sur une piste à travers la steppe jusqu'au village de Bayanhangay. De là nous rejoignons la route après une trentaine de kilomètres. Nous la suivons encore trente km en une immense ligne droite. Alors que nous sommes arrêtés un motard arrive en sens inverse. Il s'arrête à son tour et vient nous parler. Il est allemand et cela fait six ans qu'il est en route. Il retourne en Allemagne et compte y être en novembre. Nous prenons une piste pour nous diriger vers le parc national de Hustai. Mais comme il est interdit d'y bivouaquer nous nous arrêtons un peu avant. Il n'est que 13h30. Le soleil frappe fort. Nous profitons des très rares arbres que nous rencontrons pour nous abriter.
L'après-midi s'écoule dans ce petit coin caché de la piste entre lecture et petits sommes.
7 juin bivouac 34 km dénivelé TP 3H 330 m
Aujourd'hui nous avons une étape courte. En effet, il ne nous reste plus une très grande distance pour rejoindre Ulan Bator et nous ne voulons pas y arriver avant le 9. Nous commençons par rejoindre l'entrée du parc et son immense camp de tourisme constitué d'une multitude de yourtes. Il y a un restaurant, nous y reconstituons nos réserves d'eau, nous buvons un café et de plus il y a des toilettes, nous n'en avions pas eu depuis 8 jours. Nous pouvons nous laver les mains correctement. C'est la première fois que je manque à ce point d'eau pour me laver ainsi que mes habits. Nous restons un bon moment.
Nous reprenons notre chemin à travers le parc. Il héberge en particulier des chevaux de Prewalski, ainsi que d'autres animaux. Nous en verrons deux. Vers midi nous cherchons un peu d'ombre pour pique-niquer. Juste au pied d'une minuscule déclivité creusée par l'eau nous trouvons de quoi nous mettre à l'ombre. Puis nous reprenons la piste en direction de la sortie opposée du parc. Il n'est pas très grand, 20 km. Nous ne croiserons pas grand monde et nous ne trouvons pas qu'il y a grande différence avec les 1400 kilomètres de steppe que nous avons déjà traversés. La seule différence, c'est que nous avons payé chacun l'équivalent de 7 euros pour le traverser. Nous rejoignons la rivière Tuul. Il est temps pour aujourd'hui de trouver un point de chute. Il y a bien quelques bosquets, mais ils sont tous sur l'autre rive. En définitive nous optons pour une petite prairie au pied d'une déclivité en bordure de rivière, le long de l'un de ses bras. Juste en face de nous derrière le petit bras d'eau, quelques arbustes dans lesquels nichent des corbeaux.Ils ne sont pas contents de nous voir nous installer sur leur territoire et nous survolent en permanence en poussant des cris qui se veulent menaçants. Mais nous ne bougeons pas. Nous entendons les petits qui piaillent dans leur nid.
Nous profitons de l'eau assez propre de la rivière pour nous laver et faire un peu de lessive. Mon t-shirt en 8 jours est devenu rigide de sel, j'ai l'impression de porter un vêtement en carton. L'eau nous a vraiment manqué.
Dans le désert mongolien il y a des ossements animaux partout de même que des bouteilles de vodka vides. Heureusement nous n'avons pas vu de cranes humains!
8 juin 25 km d'Ulan Bator 66 km temps de parcours 5h54 dénivelé 560 m
Je suis réveillé par un concert de chants d'oiseaux. Les bosquets en face de nous sont en fait peuplés d'une multitude d'espèces qui au lever du jour rivalisent de vocalises. J'en profite pour admirer un lever de soleil sur cette frontière du désert de Gobi.
Notre boucle est presque achevée. A une quinzaine de kilomètres de l'autre côté de la rivière nous distinguons le village de Altanbulag, où nous avions passé notre première nuit il y a maintenant plus de trois semaines.
Le temps se couvre et devient plus froid, il pleut même un peu. Nous traversons d'immenses steppes avec un vent adverse. Parfois cela devient pénible. Mais nous nous imprégnons de ces panoramas car nous savons que la fin approche. Nous butons sur un camp militaire et notre chemin est interdit. Nous faisons un détour en arc-de-cercle et reprenons notre piste. La fin arrive brutalement, un pont et la route goudronnée qui nous mènera à Ulan Bator On se sent un peu triste de quitter définitivement cette piste qui nous a tant apporté en plaisir et en souffrance.
On trouve un super hôtel au milieu de nulle part. Nous nous laissons faire et nous buvons un vin f blanc français du Languedoc, un peu madérisé, on met des gros glaçons dedans et c'est très bon après 23 jours de pistes mongoles.
Un petit coup de pluie et on s'abrite comme on peut
Je vais narrer les quatre jours de traversée du massif du Hangayn Nuruu du 27 au 30 mai
4 jours dans une montagne peuplée de bergers nomades. Cela nous changea beaucoup des centaines de kilomètres dans le désert de Gobi. Des vallées larges, des rivières, beaucoup de traversées les pieds dans l'eau, parfois au risque de se faire embarquer lorsque les sacoches entraient dans l'eau. Beaucoup de cailloux, de la neige, des animaux partout, surtout domestiques, yacks, chevaux, chèvres et moutons, quelques chiens pas trop agressifs, des marmottes, des aigles et partout le coucou qui répercutait son chant particulier. 3 bivouac d'anthologie, avec chaque fois des Mongols qui arrivaient des yourtes environnantes, parfois éloignées pour voir ces fous à vélos dans leurs montagnes.
Vendredi 27 mai bivouac 66km Temps Parcours 7h43 dénivelé 615 m
Nous démarrons à 7h20, pour la première fois depuis notre départ il fait bon. Nous prenons la piste qui nous a été indiquée, car il y a un pont pour le franchissement de la rivière. Première surprise, pas de pont. Premier bain de pieds et il y en aura beaucoup d'autres aujourd'hui. La piste monte tranquillement, parfois elle est assez difficile car elle se trouve dans le lit sec de la rivière. Multitude de galets. Au cours d'une traversée de rivière, mes sacoches avant offrent une trop grande surface perpendiculairement au courant. J'ai vraiment du mal à garder mon vélo en main, Yves vient m'aider. Cette vallée est magnifique et les bergers s'y sont installés avec leurs yourtes.
On fait un arrêt incroyable chez un peintre mongol, qui peint une multitude de paysages et des scènes de chevauchées de Huns sur des yacks, absolument fabuleux, il y a un mouvement incroyable dans sa peinture. Il nous offre un verre de lait et des bugnes vieilles et dures, mais l'intention est très belle et nous avons très faim.
Nous nous installons une dizaine de kilomètres plus loin pour bivouaquer. Le temps est superbe. Une rivière coule à proximité, idéal pour compléter nos réserves d'eau. Bien évidement immédiatement accourent les occupants des yourtes à proximité. Nous leur offrons des figues séchées bien moelleuses. Difficile de savoir s'ils apprécient, les enfants en tout cas oui.
Samedi 28 mai 56 km temps parcours 6h41 dénivelé 444 m
Après une bonne nuit nous démarrons à 8 h en direction du col Höl Sayayn. Il est distant de 25 kilomètres et la pente est régulière pour les 400 m de dénivelé. Les deux derniers kilomètres sont plus raides et nous arrivons à midi au col à 2700 m. Nous sommes accueillis par un grand troupeau de yacks. Nous faisons une pause d'une heure dans ce coin tranquille, par beau temps sans vent. Tout au long de la montée nous avons vu des yourtes de bergers. Par contre le versant nord est plus désert et la piste est épouvantable. On fera une rencontre et nous verrons deux véhicules. Nous sommes un peu inquiets car l'eau se fait rare. Heureusement à 17h nous coupons une petite rivière qui coule, alors que tous les lits de rivières depuis des heures sont à sec. Nous installons notre bivouac un peu plus loin et immédiatement un gamin à vélo arrive. D'où vient-il? Sans doute d'une yourte cachée derrière un pli de terrain.
Il va demander à Yves de lui réparer son vélo car le changement de vitesses ne marche pas. Vélo de très mauvaise qualité et bien qu'il soit neuf rien ne fonctionne bien. Il va rester planté devant nous toute la soirée, pas moyen de s'en débarrasser. Même au milieu de nulle part il y a quelqu'un qui rapplique. Souvent c'est sympathique après un quart d'heure passé à nous observer nos visiteurs s'en vont. Mais ce soir cela a été particulièrement difficile, ce gamin pendant près de deux heures nous a observés à moins d'un mètre.
Dimanche 29 Bulgan 56 km temps de parcours 4h44 dénivelé 457 m
Après la difficile journée d'hier nous avons passé une bonne nuit. Au lever du jour le temps change et nous hésitons à partir, attendant une accalmie. Mais nous décidons de partir. Les chutes d'eau ne seront jamais très violentes et vers 10 heures elles s'arrêtent. Nous descendons une vallée magnifique. Des arbres de différentes espèces apparaissent.
Un raidillon de 250 m de dénivelé nous met à rude épreuve. Nous devons sur la moitié nous mettre à deux pour pousser les vélos tellement la pente est raide. Vers 15 heures nous arrivons dans le village de Bulgan.
Tout en bas le deuxième vélo
Manifestement il y a des cèpes
Nous y faisons quelques courses et partons nous installer un peu plus loin dans un coin superbe en bordure de rivière. Quelques centaines de mètres au-dessus de nous des yourtes. Ça ne tarde pas les habitants viennent nous voir, un couple avec leur bébé. Ils nous apportent un bol de fromage frais et un plein pot de fromage un peu aigre, le tout est succulent. Ils ne sont pas trop intrusifs et après un quart d'heure ils remontent à leur yourte. Ils sont venus en voiture. Malgré cette grosse quantité de laitage nous nous préparons une grosse platée de pâtes, que nous mangeons de bon appétit. Vers 20 heures le temps tourne à la pluie et au vent. Ça secoue sérieusement les tentes.
30 mai Tsetserleg 31 km Temps de parcours 2h21 dénivelé 248 m
Lever magique, montagne enneigée pas loin, petite rivière à nos pieds, le bétail de partout, des chiens curieux viennent nous voir sans agressivité, et le beau temps revenu et cerise sur le gâteau un vent favorable pour cette courte étape.
Ça roule formidablement bien, quelques côtes bien sèches, mais de la rigolade comparativement à hier, journée où j'ai battu mon record de poussage de vélo à deux tellement c'était raide, seul on n'y arrivait pas.
Des fleurs partout le rêve. J'ai oublié de vous dire la Mongolie c'est le paradis de la pêche aux salmonidés, Yves comme moi est un mordu. Nous fondions les plus beaux espoirs sur des pêches de rêve. Nos songes les plus fous en train d'attraper des gros taïmens, le poisson mythique de Mongolie, il vit plus de 50 ans et dépasse le mètre, donc je disais nos songes les plus fous se sont évaporés instantanément, la pêche est fermée en Mongolie jusqu'au 15 juin, et nous rentrons le 13. Mais ce n'est pas grave en ce qui me concerne, car la Moselotte, le Ventron, le Xoulces et les lacs m'attendent!
Arrivée à Tsetserleg
Nous voyons nos premiers Occidentaux depuis 14 jours, nous sommes dans une guest-house tenue par un Australien. Il est très sympa, et nous donne des conseils pour notre retour sur Ulan Bator, à peu près 600 kilomètres.
Je crains que notre prochain point wifi ne soit à Ulan Bator dans une dizaine de jours
Mardi 24 mai Hayrhandulaan 86 km temps sur vélo 5h44 dénivelé 733
Après une très bonne nuit dans notre hôtel, à la chambre spacieuse et à la douche chaude, c'était la premières depuis 5 jours, nous démarrons assez tardivement vers 9h. Tout de suite nous sommes dans l'ambiance du Gobi, malgré la route goudronnée. Immenses lignes droites, vent en rafales fort et froid. Heureusement ce dernier est généralement avec nous ou trois quarts arrière. L'altitude est un peu plus élevée que les jours derniers, donc la végétation moins avancée. La steppe est très sèche et fanée. Vers 17 km on s'arrête à un mémorial du cheval, l'ensemble est grandiose, posé au sommet d'un tertre qui domine le désert de toutes parts. Au nord nous pouvons voir des montagnes enneigées.
Que ces longues distances sur ces routes désertes sont monotones. Le vent est si violent que mon vélo ne tient pas sur sa béquille, et je le couche au sol. Nous voyons quelques oiseaux de proie, sans doute des aigles. Ils sont posés à proximité immédiate de la route, en train de dépecer une tête sans doute de cheval. Ils ne veulent pas céder leur nourriture et s'éloignent au tout dernier moment lorsque nous nous approchons pour les photographier. Après quelques sautillements, ils décollent d'un vol majestueux, leurs grandes ailes les entraînant rapidement au gré des bourrasques d'air Vers 15 heures nous arrivons au niveau du village de Hayrhandulaan. Il est situé à 3 km au nord de la route. Une piste en pente y conduit, cette dernière portion est rude car nous avons un puissant vent de face, de plus glacial, ce qui me prend les sinus. Que le climat est rude dans ces déserts.
Nous dominons, le village, il semble sympathique. Nous allons vite déchanter. Deux établissements nous proposent une chambre, le premier à un prix prohibitif pour une pièce sans eau et sans toilettes, le second nous présente une chambre insalubre dans laquelle règne une odeur de nourriture avariée. Nous décidons de ne pas rester et retournons à la route, cette fois-ci avec le vent dans le dos. Une fois que nous l'atteignons, il y a quelques yourtes. Une femme nous propose de nous loger et de nous nourrir. Elle essayera bien de nous faire payer plus que prévu et en définitive son mari viendra coucher dans le lit et nous au sol, alors que ce n'était pas prévu. Mais bon vu les sommes demandées nous ne disons rien. Et puis à l'extérieur le vent souffle avec rage et la température n'est pas très élevée. Cependant dans la yourte la femme nous a allumé un fourneau avec comme combustible de la crotte de bétail. Il y fait une chaleur presque suffocante. Elle est bien agencée et son ambiance est agréable, rien à voir avec les locaux sordides du village. Le repas est constitué d'un bol de lait chaud, sans doute de jument. Je le trouve très bon, puis nous avons droit à un autre bol avec un bouillon agrémenté de pâtes, légumes et petits morceaux de viande. Après le casse-croûte de midi pris sur le bas du talus pour se protéger du vent, ce repas chaud prend des allures de mets princiers.
Vers 18h nous nous retrouvons provisoirement seuls dans notre yourte dortoir. Nous en profitons pour élaborer notre stratégie pour demain: essayer de faire un maximum de kilomètres jusque vers 19 heures et bivouaquer à proximité de la route. Nous ne passerons qu'un seul village, où nous ferons des provisions en vue du bivouac.
Mercredi 25 106 km Temps sur le vélo 8h02 dénivelé 911 m bivouac désert
Cette nuit nous avons vécu une expérience incroyable, qui aurait pu être désagréable. La femme qui nous avait proposé sa yourte, à plusieurs reprises est rentrée sans ménagement et nous regardait comme des bêtes rares. Alors que nous étions couchés à même le sol et que nous dormions, trois femmes, deux hommes et quatre enfants sont entrés et bruyamment ont commencé à nous regarder avec des lampes frontales. Puis l'une d'elles a tourné l'ampoule dans son culot juste au-dessus de moi. Une lumière vive me venait en pleine figure, et tout ce beau monde nous regardait en commentant à forte voix. Les femmes semblaient particulièrement agressives, avaient-elles bu? L'une d'elles méchamment me demande de me lever pour éteindre la lumière que l'autre femme avait allumée. Je lui fais signe que non. Elle se répand dans sa langue, heureusement je ne comprends pas. L'un des hommes jugeant sans doute qu'il y avait de l'abus, est venu tourner l'ampoule pour éteindre et tout le monde est sorti. En tout cas dans cette yourte il y faisait très chaud. Incroyable le pouvoir calorifique que peuvent avoir les excréments de bétail. On voit souvent des hommes ou des femmes parcourir la steppe avec une hotte et une fourche légère et large afin de faire le plein de combustible animal.
La yourte de l'enfer
Nous nous sommes levés à 6h15 et à 7h nous étions en route, trop contents de quitter cette yourte d'enfer. Les deux premières heures pas un brin de vent, nous avons parcouru une quarantaine de kilomètres. Puis il s'est levé et nous l'avons eu souvent de face. La moyenne est tombée très nettement. A midi et demi nous n'avions fait que 67 km, certes avec une halte vers 11 heures bien cachés par nos bagages à manger des gros gâteaux sablé couchés à même le sol.
Arrêt dans le village de Nariynteet, où nous faisons quelles courses pour le repas de midi et en vue du bivouac de ce soir. Bien abrités du vent en plein soleil nous profitons de la chaleur en mangeant, ce qui est rare depuis notre départ. Bien évidemment les enfants s'agglutinent et deviennent de plus en plus intrusifs. Nous avons du mal à les contenir. Ils nous lancent des remarques et veulent tout toucher. Ils deviendraient presque agressifs car nous leur demandons de ne pas tout tripoter. Nous repartons un peu plus tôt que prévu pour échapper à ces enfants.
Nous allons pédaler jusque vers 18 heures dans des côtes infinies
avec le vent de face. Une voiture s'arrête, le chauffeur descend avec sa femme et ses deux petites filles. Ils nous prend tous en photo autour des vélos.
Nous trouvons un endroit relativement à l'abri du vent et montons nos tentes. Nous sommes en plein désert.
Jeudi 26 Bayanhangor 40 km temps parcours 2h35 dénivelé 260 m
Après un très bon bivouac en plein désert un peu en retrait de la route, lever à 6h. Il fait 0 degré mais pas de vent. Un beau coucher de lune sur le désert cela vaut tous les 4 étoiles du monde. Petite étape de 40 km sans souci. Comme à chaque fois que l'on change de région il y a un poste de police, mais pour nous pas de problème. Arrivée vers 10 h en ville, difficulté de trouver une chambre d'hôtel, car il y a des fêtes religieuses. Mais on y arrive, cependant ce n'est jamais facile. Après un premier hôtel complet le second semble aussi plein. Mais après discussion une chambre libérée sera prête vers 11 heures. On part boire un café. Ce qui est très bien car un Mongol dans cette épicerie-bar nous explique la route des jours à venir. Nous étions un peu inquiets car on voit pas mal de neige sur les montagnes, mais à priori pas de problème. Concernant les rivières à traverser on devrait y arriver, soit par nous-mêmes ou avec un véhicule. On verra bien.
Merci pour les commentaires à vous 5
Je mets le texte des 6 premiers jours à vélo à travers le Gobi puis je rajouterai un peu plus tard ce jour et les photos de cette première semaine, si ça passe car débit très faible:
17 Mai 59 km don 20 de piste Ulan-Bator à Satlanbulag
Ce matin nous quittons Ulan-Bator à 8h, le gardien de l'immeuble tout intrigué des sacoches et des sacs et peut-être aussi de la remorque de Yves discute avec nous et nous demande notre itinéraire. Nous lui montrons sur la carte.
Pas trop de bouchons pour sortir de la ville. Des usines thermiques d'un autre âge sont encore en activité. Notre itinéraire passe devant l'aéroport. Les habitats se font de plus en plus clairsemés, mais des immenses ensembles d'immeubles sont en construction de ci de là jetés à même les prémices de la steppe.
Durant quarante kilomètres la route est asphaltée, puis la piste la remplace. Immédiatement cela engendre un changement d'ambiance. L'aventure commence. Tout d'abord elle est caillouteuse puis elle s'améliore. Nous croisons nos premiers troupeaux de chèvres, vaches et quelques chevaux. Un premier chien vient sans conviction aboyer à notre passage. Au sommet d'une bosse le village d'Altanbulag apparaît. Agglomération étonnante comme je n'en ai vu nulle part ailleurs, elle s'étend sur une assez grande surface, mais dans l'immensité du décor elle est presque petite, pourtant elle compte 2000 âmes.
Une épicerie, on complète nos réserves d'eau et l'on demande à être logés. Pour se faire comprendre c'est très difficile, barrière de la langue et de la manière de penser. Mais oh surprise! Les jeunes ont des i phones avec des traducteurs, mais rien n'y fait. Jusqu'au moment où l'un d'eux a l'idée d'appeler la professeur d'anglais. Une jeune femme très occidentalisée arrive et nous sert de traductrice.
Nous obtenons une chambre après d'âpres négociations de prix. Elle est spartiate mais volumineuse. Par contre les douches il ne faut sans doute pas y compter bien qu'on nous ait dit qu'il y en avait. Même le lavabo est condamné. J'ai parlé trop vite, tout finit par arriver. Effectivement nous aurons droit à une bonne douche bien chaude.
18 mai 74 km bivouac au milieu de nulle part 7 h sur le vélo
Départ à 7h, la piste est bonne et on roule bien les 25 premiers kilomètres et nous ne voyons personne, trois ou quatre voitures dans la journée. Pourtant de loin en loin sur cette immense steppe on aperçoit des yourtes. Les animaux domestiques sont présents partout, vaches, chèvres et chevaux. Ces derniers se déplacent en grandes bandes en galopant. A plusieurs reprises des Mongols intrigués par nos vélos viennent à notre rencontre ou nous appellent. Ils regardent avec curiosité nos montures et elles les font bien rigoler, tout particulièrement la remorque d'Yves.
A midi nous nous arrêtons pour manger, c'est spartiate, une boîte de jambon et une demi-pomme. De plus le vent se met de la partie, et comme nous avons tiré une bâche entre les deux vélos pour nous protéger des rayons du soleil, elle se gonfle comme un parachute et parfois s'envole. Nous repartons vent dans le nez. Heureusement après quelques kilomètres il souffle de travers, en finale nous l'aurons trois quarts arrière. Bivouac dans l'herbe près d'une mare.Une voiture passe au-dessus et les occupants curieux nous regardent. Il fait bon, le vent s'est calmé vers les 18 h.
19 mai 79 km 8H12 sur le vélo 800 m dénivelé
Nuit très bonne. Au matin un vent fort souffle, nous n'arrivons pas à faire chauffer le café. On engloutit un bout de pain et de pâte d'amande et c'est parti. La piste au début bonne devient exécrable, des poussages nombreux dans le sable. On ne voit pas une personne de la matinée. Toujours du bétail, quelques gros aigles. Le ciel s'assombrit de plus en plus, la température tombe à 5 degrés et le vent est violent et très froid. Il est changeant, Ce matin au départ il nous poussait, puis nous l'avons eu contre et puis dans l'après-midi il est avec nous. La halte de midi nous l'effectuons dans un trou du talus pour nous protéger du vent, pas terrible comme protection. Je grelotte de froid, on ne traîne pas. La piste s'améliore nettement et on couvre les 35 km de l'après-midi en moins de 4 h. On ne voit pratiquement personne de l'après-midi dans ces immensités désertes sous une bise glaciale et un ciel très menaçant. Chose incroyable on croise un panier à salade avec 6 policiers. Mais que viennent-ils faire dans ce coin, il n'y a personne?
Le lac de Bören apparaît à une dizaine de kilomètres et on le rejoint rapidement, ça descend, la piste est bonne et le vent nous aide.On trouve un hôtel, c'est plus confortable par ce temps froid et venteux.
20 mai Delegerhann 56 km 477 m de dénivelé 4h30 sur le vélo
Ce matin, départ tardif, vers 9h. Au moment de partir problème de chambre à air. Dans ce village du bout du monde, nous trouvons un magasin qui vend des chambres à air. Certes, plusieurs personnes nous ont aidés à tambouriner à la porte pour réveiller le tenancier. Il finit par arriver, nous sert puis repart se coucher en fermant son magasin à clef, sans doute pour continuer à cuver. Il faut dire que l'on voit un nombre incroyable de bouteilles de vodka vides jetées dans le désert. J'en ai même compté plus de trente ensemble.
Nous prenons la direction de Delegerhann. 56 kilomètres de piste à travers une steppe infinie. Nous avons la chance d'avoir le vent avec nous. A deux reprises des bergers à moto viennent à notre rencontre, ainsi que deux cavaliers. Ces derniers ont une sacrée allure sur leur cheval. Ils sont très intrigués et nous repèrent de loin dans cette immensité au faible relief. Cette immersion à vélo dans la steppe est une expérience incroyable, on est presque dans le voyage intérieur. Certains m'avaient dit que cette partie de la Mongolie ne présentait pas d'intérêt à vélo. De toute évidence nous n'avons pas tous les mêmes critères.
Contrairement à hier la piste est pratiquement toujours excellente et nous poussons très peu, seulement dans quelques zones sableuses. Nous faisons un arrêt casse-croûte royal, allongés derrière une légère bosse du terrain sur laquelle nous avons disposé nos vélos pour couper le vent, qui cependant n'est pas très fort.
Tranquillement nous repartons après une pause de trois quarts d'heure vraiment au milieu de nulle part.
Après 18 kilomètres le village nous saute littéralement à la figure après un petit mouvement de terrain.
Ces villages mongols sont étranges posés à même la steppe, ils semblent minuscules dans cette immensité. Mais ils sont plus grands que l'on imagine, lorsqu'on s'approche. Ils sont organisés en groupes de maisons sans étage, chacun des groupes étant entouré de barrières, et il y a un petit centre où l'on trouve l'épicerie, la banque et l'hôtel. Nous n'avons pas de problème (pourvu que cela dure) pour trouver le point de chute. Le premier jour nous sommes arrivés droit dessus c'était le seul bâtiment à un étage. Hier, il avait le toit vert, et une femme a su nous le monter en connaissant le mot green. Et aujourd'hui cerise sur le gâteau, un des premiers Mongols auxquels nous nous sommes adressé parlait très bien l'allemand, alles clar!
Dans ces petites épiceries, bien évidemment il y a un énorme rayon à vodka, de multiple marques rivalisent d'attractivité. Bien sûr nous n'y touchons pas. Mais de nombreuses boîtes de conserve d'excellente qualité, poisson ou viande nous permettent de nous nourrir très convenablement. Par contre pas de fruit, nous achetons un oignon pour faire avec notre viande en boîte. Le pain est aussi d'excellente qualité, un peu schwartz Brot. Dans les épiceries du Laos ou de Bolivie on ne trouve rien de comparable. On m'avait prévenu que l'on mangeait très mal le long des pistes de Mongolie, je dois reconnaître que c'est une agréable surprise de trouver un tel choix. On m'avait aussi prévenu que les rares hôtels étaient plus que sordides, ce que nous n'avons pas constaté, dans deux sur trois on a même eu doit à une douche et chaude par dessus le marché.
Alors que nous sommes tranquillement installés dans notre chambre à discuter la porte s'ouvre et un homme d'un âge indéterminé, mais au taux d'alcoolémie bien identifié à fort niveau, entre et vient s'asseoir à côté de nous sur un lit. Bon que faire? Manifestement nous ne comprenons pas un traître mot de ce qu'il nous dit, et de plus vu son état cela doit être particulièrement incohérent. Au bout de deux à trois minutes il se lève nous serre la main et s'en va. Ouf! Les gamins aussi sont particulièrement intrusifs. Lorsque nous nous sommes installés dans notre chambre quatre ou cinq sont entrés avec nous. Bon ben c'est sympa, mais qu'est-ce qu'on fait avec tout ce beau monde dans notre chambre? On leur dit que l'on va prendre une douche et qu'il est temps de nous laisser. Ils finissent par comprendre et s'en vont à regret. Les jours derniers aussi lorsque nous arrivions dans un village nous étions l'attraction et tous les gamins se précipitaient et nous harcelaient de questions en rigolant. What's your name? Ils s'agglutinaient et s'énervaient les uns les autres. Dans une telle situation il faut vite s'échapper.
Ce soir nous faisons un repas agréable, boîte de singe que l'on fait revenir avec un gros oignon.
Samedi 21 mai 42 km temps parcours 3h20 dénivelé 449 m
Après une nuit un peu agitée sans doute à cause des grosses étapes des jours précédents, nous prenons la route à 8h15 après un solide petit-déjeuner à base d’œuf dur et de bugnes locales, ça cale bien. Encore une traversée à travers des immenses étendues de steppe. De loin en loin des troupeaux ponctuent le vert du décor. Parfois des Mongols à moto viennent à notre rencontre, toujours très curieux. Le temps est idéal pour rouler et un bon vent arrière nous aide. D'un jour à l'autre à cette saison les conditions peuvent être très différentes, froid et gris ou belle journée ensoleillée. Nous suivons la ligne électrique qui parcourt la steppe de village en village. Petite halte adossés à un rocher, le temps de manger un gâteau local du genre sablé. Nous en avions un énorme paquet, maintenant presque terminé que nous portons depuis notre départ. Arrivée à Bayan ÖndÖr vers 12h30. Encore une belle étape sans difficulté à part quelques poussages dans des fins de côtes très raides.
Dans le village dès que nous demandons un hôtel, un homme se charge de téléphoner. Manifestement il est fermé à moins qu'il n'ait jamais existé. Nous nous approvisionnons dans une épicerie et le patron nus propose une yourte chez lui. Nous le suivons et nous arrivons dans l'un de ces fameux enclos. A côté de sa maison une yourte, elle sent sérieusement la vache et n'est pas très propre. Il s'active et fait le ménage et nous la propose pour la nuit.Magnifique endroit pour être plongé dans la vie d'un village mongol.
Mon mangeons sur des rondins de bois en présence de notre hôte et d'un autre homme. Ce dernier demande à essayer le vélo d'Yves, ça le fait bien rire. Notre hôte part et nous ramène une bouteille de vodka. Nous y goûtons à peine.
Petite promenade dans le village, pas grand monde. Nous faisons quelques courses pour le repas du soir. On vient nous chercher en voiture pour assister au regroupement des chevaux. Le propriétaire des chevaux qui conduit est accompagné de sa femme et sa fille et d'une autre femme avec une petite fille. Avec Yves et moi nous sommes sept dans le véhicule.Le conducteur a le coup de main, en roulant derrière les chevaux il les réunit tous et leur fait prendre la bonne direction au galop. Puis une fois qu'ils sont bien lancés il les laisse poursuivre leur chemin seuls. Il nous conduit ensuite au sommet qui domine le village, duquel nous avons une très belle vue à 360 degrés sur ces étendues de steppe. Il s'y trouve une pyramide de pierres. Il nous invite à en rajouter en en faisant trois fois le tour.
Une fois rentrés notre chauffeur très curieux veut voir comment nous préparons notre repas avec notre réchaud, et il veut aussi assister au repas, mais refuse toute boisson et tout aliment. Puis il se lève et prend congé.Ce que nous prendrions pour de la curiosité imposée représente pour eux une forme de convivialité.
Cet après-midi dans ce village où les gens sont hospitaliers aura été très intéressant et instructif. Malheureusement le barrière de la langue nous aura empêchés de vraiment comprendre la vie dans ce coin reculé du désert de Gobi.
En remerciement j'ai donné à notre hôte notre paquet de dates, ils n'en voient pas beaucoup. Il l'a pris et l'a immédiatement amené à son épouse.
Dimanche 22 mai Öldziyt 53 km dénivelé 616 m temps sur le vélo 4h31
Après une nuit assez bonne, à quelques reprises les chiens aboyaient lorsqu'ils nous entendaient bouger dans la yourte. Départ à 8heures. Le temps est sombre et froid, 4 degrés. Dans les premiers kilomètres il tombe une espèce de léger grésil. Mais heureusement le vent glacial nous pousse et en roulant nous n'avons pas froid, mais au moindre arrêt il 'en va pas de même. Encore cette steppe austère et déserte. Nous cherchons un embranchement vers la droite et le trouvons assez facilement. Sur ces pistes il n'y a jamais la moindre indication, sauf un seul panneau à l'entrée du village que nous venons de quitter ce matin, mais il ne nous était d'aucune utilité car il donnait la direction d'où nous étions venus hier.
Nous rencontrons un Mongol et sa jeune fille, tous deux à cheval. Elle a à peine cinq ou six ans, mais elle monte déjà avec aisance et assurance. A midi halte casse-croûte bien protégés derrière nos vélos et une bâche tendue. La température est remontée et nous passons un moment agréable étendus dans l'herbe. Mais une fois de plus le temps change et il est temps de se remettre en route. Nous n'avons plus qu'une dizaine de kilomètres à parcourir et une fois encore le village nous saute à la figure alors que nous y arrivons, car caché par un pli du terrain. Nous tombons directement sur le lieu où loger. Nous avons une chambre certes petite, mais attenante à un petit salon salle à manger, le grand luxe. La patronne nous apporte un seau d'eau chaude pour nous laver. Manifestement on est dans le 5 étoiles du village et tout cela pour 4 euros par personne.
Lundi 23 mai Arvayheer distance 94 km temps sur le vélo 5h59 dénivelé 538 m
Après une nuit très bonne, nous sommes en route à 8 heures. tout d'abord 33 km de piste à 'identique de celles que nous parcourons depuis une semaine. immensités désertes, peuplées seulement de bétail. Une fois de plus un couple de Mongols intrigué par des cyclistes dans ces coins vient à notre rencontre. Ils ont des visages burinés par les éléments du désert de Gobi.
Nous retrouvons la route que nous suivons sur 60 kM. Le temps est capricieux, chaud ou froid variant entre 4 et 18 degrés. Les grains se succèdent, grésil ou pluie. Les vents tournants vont de paire. On nous avait prévenu que le mois de mai en Mongolie c'était le mois du temps instable, on est servi. Mais les précipitations et les vents ne sont pas trop violents.
Vers 16 heures arrivée à Arvayheer où nous trouvons tout de suite l'hôtel où nous voulions aller. Il pleut un peu. depuis une semaine c'est la première fois que nous mangeons au restaurant. Quelques crudités avec pâtes et riz, il ne faut pas perdre les bonnes habitudes!
Vendredi 13 mai débute une nouvelle balade à vélo, d'un mois en Mongolie. Nous serons deux Yves et Luc. Notre itinéraire prévu est de l'ordre de 1500 kilomètres, en boucle à partir d’Oulan-Bator, la capitale du pays. Il est toujours difficile de calculer avec précision un parcours d'un mois dans un pays où les aléas climatiques et l'état des pistes sont difficiles à prévoir.
Ci-dessous notre parcours visualisé en rouge:
La Mongolie est un pays immense plus de trois fois la France, on imagine pas très bien les distances sur cette carte. Cependant on visualise bien les régions où nous allons nous déplacer.
Dans un premier temps nous roulerons à la frontière du désert de Gobi, puis nous allons poursuivre en mettant le cap au nord vers le centre du pays. Les pistes traversent un massif montagneux à partir de la ville de Bayanhongor. Le point culminant de cette région approche les 4000 mètres. Puis une fois la grande route du nord rejointe, nous retournerons vers la capitale. Nous essayerons en cours de route de nous arrêter pour bivouaquer au plus près de rivières, qui sont des paradis pour les salmonidés. Nous sommes tous deux des accrocs de la pêche à la truite, et bien entendu nous avons nos cannes. Cela devrait, si nous en attrapons, améliorer l'ordinaire, car les possibilités de ravitaillement seront rares. Le pays, comme je l'ai déjà dit, est trois plus grand que la France, et contient seulement trois millions d'habitants, dont plus d'un à Ulan-Bator. Le corollaire, nous trouverons certainement très peu de possibilités de connexion internet.
Le train très tôt permet de gamberger surtout lorsqu'on est seul dans son compartiment avec son vélo.
Le voyage commence, comme toujours les angoisses habituelles, dans tout le barda à prendre n'ai-je rien oublié? Au petit matin comme toujours cette sensation de culpabilité m'étreint, je pars et je sais que Danièle en ressent une douleur. L'aventure a un prix. Dilemme maintes fois renouvelé, partir ou non? Je suis rentré du Laos il y a un peu moins de deux mois et voilà qu'à nouveau je suis en route. J'imagine les steppes de Mongolie désertes jusqu'à l'infini. Pourquoi aller voir plus loin, là où l'on a pas encore mis le pied, ou plutôt dans mon cas mes roues. Nombreux sont les voyageurs qui au cours des différentes époques se sont posé cette éternelle question. Les réponses sont multiples et diverses. Celle qui m'a le pus interpellé a pour auteur Ella Maillart, cette intrépide voyageuse qui entre les deux guerres a arpenté souvent en solitaire des immenses contrées presque inconnues dans ces temps, où le tourisme n'avait pas encore pris son essor actuel. Sa conclusion concernant ses congénères occidentaux: cette soif d'ailleurs ne répond etlle pas au besoin de combler notre grand vide intérieur? Je me garde de tout commentaire, à chacun de juger.
5 heures du matin Alain me conduit à la gare de Remiremont. Mon train est à six heures. J'ai tout loisir de m'installer. Je constate que sur mon billet il est écrit: Ce document n'est pas un titre de transport. Qu'est-ce-que cela veut dire? La contrôleuse me donnera l'explication. Il suffit que je présente ma carte voyageur, sur laquelle est vérifiée la validité de mon titre de transport. Donc plus besoin de billet. Le train va prendre vingt minutes de retard à cause d'une défaillance sur un amortisseur. Il n'atteindra donc pas la vitesse de 310 kilomètres à heure, habituelle sur cette ligne Nancy à Paris.
Yves m'attend chez lui pour 10h30. Avec ce délai je vais avoir du mal à parcourir en une heure les 18 kilomètres à travers Paris et sa banlieue pour être dans les temps. Alors pourquoi ne pas profiter de ce moment privilégié de la traversée de cette ville, que la Terre entière veut visiter , justement pour la visiter tranquillement au rythme du vélo. En effet, notre avion ne décolle que demain samedi, donc je vais essayer de ne pas me mettre la pression alors que j'ai tout mon temps.
Au contrôle je ne trouve plus le justificatif pour mon vélo. Mystère, je l'ai sans doute oublié à Cornimont. Mais bien que je sois en possession d'un e-billet, le vélo n'est pas pris en compte alors que la surtaxe apparaît sur ce fameux billet électronique. Le contrôleur est compréhensif et me demande de bien garder la billet pour le vélo la prochaine fois. On informatise de plus en plus toutes nos actions de la vie, mais le papier reste indispensable.
C'est parti pour une visite tranquille de Paris , l'île de la cité et Notre Dame et puis le reste.
Je rejoins Antony par la coulée verte, comme quoi on peut sortir de Paris par des chemins paisibles qui se glissent entre les voies routières et ferroviaires.
Le samedi matin branle-bas à 5 heures. Nous commençons par traverser la région parisienne du sud au nord en RER. Puis les démarches habituelles pour prendre l'avion avec un vélo se déroulent encore une fois pas trop mal. Mais on a toujours peur d'essuyer un refus, car chaque compagnie aérienne a ses petites réglementations en matière d'emballage des deux roues, des poids autorisés et des gabarits maximums.
Le transfert par Moscou se passe sans problème non plus. Le vol Moscou Ulan-Bator dure 6 heures, nous partons à 7 heures du soir et arrivons à 7 heures du matin. Manifestement il s'agit d'une course vers le soleil, chaque heure compte double. La nuit n'aura durée effectivement à peine trois heures. Au retour en partant à 8 heures 10 l'avion arrivera à 8 heures 50 alors que nous aurons effectué 6 heures de vol. Là il s'agira d'une course quasiment avec le soleil.
A l'arrivée nous sommes attendus, et tout se passe pour le mieux pour rejoindre la ville éloignée d'une vingtaine de kilomètres. la première impression de la région est étrange. Les collines avoisinantes sont encore toutes endormies de l'hiver qui n'est pas si loin. Toutes les herbes sont jaunies et rases,et la ville est un ensemble d'immenses immeubles sans charme jetés dans cette plaine en forme de cuvette. C'est une première impression lugubre qui me saisit.
Notre guest house se trouve au quatrième étage d'un building franchement sinistre, dans un quartier un peu hostile. Heureusement les propriétaires sont très avenants et nous donnent une multitude de conseils concernant notre itinéraire de 1500 km. Manifestement si nous sommes venus chercher 'l'aventure' on devrait se régaler sur certains tronçons.
On déballe les vélos toujours avec une pointe d'inquiétude. Pour Yves tout va à peu près bien. Il a une petite voilure sur le disque de frein avant, mais il y remédie rapidement. Pour ma part, consternation, la fourche avant est complètement tordue et il n'y a plus moyen de mettre la roue avant, qui de toute façon ferait un angle important avec la verticale.Le voyage semble compromis. Mais c'est compter sans l'ingéniosité et la force légendaire des Mongols. En effet, notre propriétaire revient avec un énorme démonte-pneu et attaque la fourche dans tous les sens. Pour moi comment peut-on imaginer détordre une fourche dans cet état. Il risque tout simplement de la casser, mais au point où nous en sommes, il n'y a plus que cela à faire. Après quelques coups de "barre à mine" bien ajustés, elle reprend forme, et la roue rentre dans son logement. Plein d'espoir je pars faire un essai. Je peux rouler, mais ça tire fort à droite. Yves décide d'essayer de peaufiner le travail. On tire, ça plie un peu, et par des successions de petites déformations suivies d'un essai, le tirage se fait de moins en moins fort. Finalement je peux même lâcher les mains. Le vélo est en état de marche et la fourche est considérée comme complètement réparée. Je ne pensais pas que l'on pouvait agir de cette façon sur cette pièce de vélo et la modeler à la manière d'une grosse guimauve certes un peu résistante.
Nous partons faire un premier tour à pied en ville. Cette cité n'a pas d'âme, pratiquement exclusivement constituée de ces immenses blocs de béton entre 20 et trente étages. L'agglomération compte un million trois cent mille habitants.
On s'organise dans notre chambre pour deux jours.
Ci-dessous vue de notre appartement
ci-dessous notre appartement vu du bas, nous sommes au quatrième, heureusement pas plus car il faut tout monter vélo compris, si on veut vraiment partir après-demain justement à vélo.
Ce qui est assez incroyable, c'est que dans ce pays qui est l'un des plus pauvres du monde, ils sont nettement en avance sur nous en matière de voitures. La moitié au moins du parc est composé de véhicules hybrides, principalement des Toyota.
16 mai
Petite balade encore ce matin dans la capitale. Nous sommes logés dans la zone un peu "crainios". Le centre est plus agréable et me fait un peu penser au Tirana des années 2001, 2002.
L'aventure commence demain matin. Ces deux jours tranquillement installés à Ulan-Bator sont indispensables pour attaquer la piste dans de bonnes conditions. En effet, les 7 heures de décalage horaire nécessitent une adaptation. Bien que nous ayons l'habitude des trajets un peu aventureux on ressent un petit pincement au moment de se lancer. Je regarde un superbe livre de photos sur la Mongolie fait par des Allemands. Les premières légendes de panoramas infinis sont du style:
il n'y a pas d'aide, nous devons être courageux ou tout du moins faire comme si nous l'étions.
Bold pour y aller absolument pas de chemin, mais il y a toute la place pour en faire un, cela sera simplement un peu plus long.
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