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30/09/2014

Balkans express

 

 Un voyage rapide de vingt jours  de Lyon à Lyon, 5200 kilomètres en voiture (Koleos) par différents pays des Balkans. Des impressions glanées au fil des arrêts dans les villes traversées. Vingt jours et huit pays, très vite trop vite, on n'a pas le temps de se poser. La polémique peut naître, cela ne s'appelle plus voyager mais se déplacer à grande vitesse sans même prendre le temps d'aller à l'essentiel. Mais au fait c'est quoi l'essentiel?

Ce voyage éclair je vais le décliner à travers un certain nombre de flashes au cours des arrêts dans les villes étapes. Les Balkans je les ai connus à différentes époques de ma vie. J'y ai vécu des évènements forts comme le siège de Sarajevo durant trois mois. Trois années de ma vie professionnelle se sont passées en Albanie. Dans ces différents pays je m’y suis aussi promené en touriste lors de voyages de courte durée. Je puis dire qu'une partie de mon cœur y est définitivement resté. Voilà pourquoi cette traversée même éclair fait resurgir du fond de ma mémoire une multitude de souvenirs plus ou moins enfouis, tristes ou gais et me permet de livrer nombre d’émotions ressenties au filtre de mon expérience de ces coins d'Europe particulièrement attachants. J’appuierai mon récit sur des photos de ce qui m’a le plus frappé au cours de ces 20 jours marathon.

Avec un grand plaisir en ce mois de septembre 2014, malgré le temps pas terrible, je fais découvrir à mes trois compagnons de voyage, mon épouse mon cousin et sa femme, ce véritable pays d'Ali Baba, les Balkans. Comme ils n'acceptent de voyager que dans de très bonnes conditions, je les laisserai choisir les hôtels dans lesquels nous descendrons. Mon dieu, nous sommes bien loin de la vie rude du cyclo à travers l'Atacama, mais je me laisse faire. Dans le fond voyager dans le confort c’est aussi une façon agréable de découvrir le monde, bien que les conditions spartiates permettent bien souvent une plus grande proximité avec les populations locales.

Somme toute, le prix de ce voyage, hôtels quatre ou cinq étoiles, et la plupart du temps, midi et soir, des restaurants excellents, sera loin d'être exorbitant. Cela va nous revenir par couple à 2600 euros. On est très loin du coût d'un voyage de trois semaines  organisé par un voyagiste, avec un confort souvent bien inférieur. Le seul reproche que je fais quant à ce mode de voyage, c’est que ce n’est pas l’idéal pour la ligne !

BOSNIE

Sarajevo 

Parmi toutes les villes que j'ai connues durant ma vie, deux m'ont fait une très forte impression, et parmi celles-ci il y a justement Sarajevo. Il est vrai que j'y ai vécu durant plusieurs mois  en 1994 au cours d'une période très troublée, le Siège de la ville lorsque la Yougoslavie se désagrégeait. J'y suis repassé en 2008, déjà six ans, alors que la paix était revenue. Immédiatement j'avais été repris par le charme étonnant de cette ville toute en longueur le long de sa fameuse "sniper allée" et tout en moutonnements de collines de part et d’autre de cette longue avenue, de huit kilomètres.

 

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Sniper allée

 

Notre hôtel est situé sur cette fameuse "sniper allée" pas très loin de l'aéroport. Il se nomme le Radon Plaza, immense building au « look » futuriste, qui s’élance sur 15 étages. Nous allons y passer deux nuits. Ce qui nous laissera une grande journée, laps de temps bien insuffisant, afin de s'imprégner de l’atmosphère de cette cité tant chargée d’histoire, où toutes les cultures se sont côtoyées, et qui fut aussi zone de confrontation entre l'empire ottoman et le monde de la chrétienté.

 

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notre hôtel le Radon Plaza

 

Du restaurant tournant panoramique situé au sommet de notre hôtel, nous avons  tout loisir de contempler la nuit qui s'installe sur cette grande ville. De nombreux souvenirs me reviennent à l'esprit, les obus, certains jours jusqu'à cinq mille, les avions de l'OTAN remontant parfois les rues à basse altitude afin d'intimider les différents belligérants, et puis aussi le bruit sec des tirs de petits calibres qui claquaient sur le blindage de notre véhicule. Aujourd’hui, l’ambiance est bien différente. La circulation est importante, et la ville très animée n’est  plus  du tout figée dans l’immobilité que la peur d’être abattu par un obus ou une balle de sniper, faisait en permanence régner sur le lieu.

De notre perchoir nous distinguons malgré le mauvais temps une bonne partie de la cité.  Des ruines datant de la guerre sont encore visibles. Les grandes façades juste en face, que je contemple en dégustant mon repas agrémenté d’un excellent vin, me ramènent 20ans en arrière. Je me souviens les avoir vues toutes fumantes sous les coups de canon tirés par un char d’assaut embusqué à proximité, et qui sortait de temps à autre afin de lâcher quelques obus.

 

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Ruines datant des bombardements

 

Nous partons nous promener au centre ville. Il est très impressionnant de se rendre au carrefour au bord de la rivière Miljacka, où ont été assassinés l'archiduc d'Autriche François Ferdinand et son épouse Sofia, préambule à la première guerre mondiale. Aujourd’hui la rivière charrie une eau rouge très boueuse, du fait des fortes précipitations qui sévissent depuis de nombreux jours.

 

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Rivière Miljacka

 

La vieille ville avec ses rues aux larges pavés, sa multitude de mosquées et ses quelques églises, ses places, ses échoppes nombreuses et cette foule bigarrée qui déambule, donne vraiment l’impression d’être quelque part au pays d’Ali Baba, mais pas en Europe. C’est là que réside tout le charme des Balkans.

 

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vieille ville de Sarajevo

 

Nous montons sur les collines au-dessus de la vieille ville, à la rencontre de l'immense cimetière où sont ensevelies de nombreuses victimes du long siège de Sarajevo conduit par les troupes serbes. Les tombes partent littéralement à l’assaut des hauteurs. Leur blancheur illumine la grisaille environnante, due à la forte masse  nuageuse qui enserre la ville et ses reliefs. De très anciennes pierres mortuaires, érodées par le temps et les intempéries, remontant à l’époque ottomane, semblent s’être échappées de leur emplacement initial, et se répandent de façon anarchique dans les pelouses. Pour moi l’âme de Sarajevo réside exactement en ces endroits de vieilles pierres et d’herbe. Une multitude de minuscules mosquées, au minaret en bois souvent peint en noir, escalade ces pentes raides. Se déplacer en voiture dans ces rues très pentues, où les véhicules foncent, a donné des sueurs froides à nos deux passagères, d’ailleurs sans doute pas seulement à elles ! Je ne sais pas si l’expression parfois employée dans certaines situations scabreuses « c’est bosniaque » vient de là ?

 

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Mostar

Encore une ville symbole du martyre vécu par la population au cours des évènements tragiques de la période 1992-1996. Son pont, qui avait été dynamité et reconstruit en 2004, représente l’emblème de la ville.

Nous logeons dans un superbe hôtel au-dessus de la vieille ville. L’Eden hôtel, établissement très moderne tout juste ouvert. A notre arrivée un homme et les cinq femmes entièrement voilées, qui l’accompagnent, sont assis dans le petit salon d'entrée. En nous voyant toutes réajustent bien vite  leur voile afin qu'aucune parcelle de leur peau ne soit visible. De toute évidence dans ce pays qu'est la Bosnie un islam rigoriste, (est-ce le bon terme ?) s'est installé. Cette situation est-elle le résultat  des promesses non tenues de l'ONU, qui a laissé massacrer 7000 musulmans un peu plus au sud à Srebrenica, alors qu'elle avait promis de sécuriser la zone?

La réceptionniste de l'hôtel de confession musulmane m'affirme que ce rigorisme est le fait d'étrangers et non de Bosniaques, ce comportement n’étant pas dans leur tradition.

La vieille ville est un lieu touristique très fréquenté. Le vieux pont (reconstruit après la guerre) est littéralement pris d'assaut. Les traditionnels adolescents sautant dans l'eau du haut de cette arche sont présents et font le spectacle.

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Visiter la grande église catholique qui manifestement vient d’être reconstruite ne laisse pas indifférent. A l’entrée sont  affichées les photos de plus de 60 moines exterminés par le régime communiste qui a sévi après la deuxième guerre mondiale.  Ces visages affichent volonté et sérénité. De toute évidence ils étaient animés par la foi et l’espérance.

Cette ville a été très éprouvée par la guerre de désagrégation de la Yougoslavie. Les destructions ont été immenses, mais les répartitions ont effacé ce terrible passé récent. Cependant, toutes les haines et les animosités ont-elles disparu ? J’aurais tendance à dire malheureusement non. Dans un bistrot on nous propose de payer soit en euros ou en kunas croates, en refusant la monnaie locale, le mark bosniaque, étrange ! Il semble exister encore des frontières, que nous Occidentaux avons du mal à percevoir.

 

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 La rue principale ressemble à toutes les rues des villes du monde, où le tourisme de masse sévit avec ses multitudes d’échoppes qui proposent les mêmes types de souvenirs confectionnés en Chine ou dans un autre pays asiatique.

 

MONTENEGRO

Kotor

Les fameuses gorges de Kotor. Nous y accédons par une route qui plonge d’un coup de mille mètres en arrivant de Bosnie. La ville, première impression : la circulation difficile. Est-ce dû aux pluies fortes qui s’abattent ? Il faut reconnaître que cette année le temps n’est pas très clément dans cette région des Balkans. Nous avons quelques difficultés à trouver un point de chute pour notre véhicule afin de rejoindre notre hôtel dénommé Monte-Cristo, situé en plein centre de la vieille ville. Cette dernière on n’en soupçonne pas l’existence, tant que l’on n’a pas franchi le mur de protection qui la cache à la vue. En effet, cette enceinte, vue de l’extérieur, semble collée à la grande paroi calcaire qui domine le lieu. On imagine mal comment une ville pourrait se blottir dans l’espace. Mais ce n’est qu’une illusion due sans doute à une perspective trompeuse. Cette vieille cité à la pierre patinée pleine d’élégance surprend par son ampleur dès que l’on est passé sous le porche d’entrée.

 

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Notre hôtel, très bien situé, occupe un très vieux bâtiment et de ce fait il offre des chambres qui ne sont pas aux standards modernes. Néanmoins, je le trouve plein de charme malgré le bruit et le peu de lumière. Rien ne me donne plus le cafard que ces grands hôtels aux multiples étoiles qui présentent exactement les mêmes standards et les mêmes prestations que vous soyez n’importe où sur la planète.

 

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Il est impératif de visiter la forteresse qui s’élève tout en hauteur dans la falaise surplombant la ville. Je crois me souvenir qu’il y a 1340 marches à gravir. Mais l’effort en vaut vraiment la peine. La ville de forme triangulaire se dévoile rapidement au fur et à mesure de l’ascension. De plus la vue sur ce  fjord incroyable que constituent les gorges de Kotor est superbe, pour ne pas dire époustouflante.

 

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Cetinje

Ville au charme désuet d’une ancienne capitale perchée à mille mètres d’altitude. La route pour y arriver, la route serpentine est tout simplement magnifique. Une longue suite d’épingles à cheveux qui escalade un pan de montagne vertical sur un kilomètre de dénivelé. Et après chaque virage la vue sur les gorges de Kotor devient toujours plus stupéfiante. Les passagères ont eu des angoisses et elles étaient prêtes à la rébellion si la voiture s’approchait trop du bord, ou pire si le chauffeur regardait la mer tout là-bas en-dessous au lieu de la route.

La ville rappelle un temps passé où les ambassades étaient actives. La balade à pied à travers cette cité tranquille, qui recèle de magnifiques monuments, est très agréable. Il y règne une quiétude qui rappelle l’idée que l’on se fait des villes coloniales où l’ennui représentait la principale activité.

 

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Virpazar

Bourgade au bord du magnifique lac de Shkoder à cheval sur le Monténégro et l’Albanie. Notre hôtel, à notre avis trop  vanté par notre guide ne mérite pas de tels éloges. Par contre la promenade en bateau sur le lac est un enchantement.

 

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Nous allons vivre un épisode troublant. Je ne suis pas particulièrement parano, même si je me suis fait voler beaucoup de choses dans ma vie, mais ce jour j’ai entendu mon ange gardien qui m’a dit de me sauver. Au matin nous quittons Virpazar avec le désir de suivre le lac par la minuscule route qui le longe par sa rive sud. L’itinéraire est magnifique, mais les croisements problématiques. Après une dizaine de kilomètres nous nous arrêtons pour faire le point sur un petit espace. Une voiture jaune, genre break, nous dépasse et s’arrête une centaine de mètres plus loin. Nous avons à peine l’espace pour la doubler. Elle redémarre et nous suit. Une quinzaine de kilomètres plus loin, elle nous talonne toujours. Dans la voiture je ne suis pas le seul à l’avoir remarquée. A la sortie d’un virage serré un petit carrefour avec un espace permettant de s’arrêter. Nous descendons faire des photos sur un panorama extraordinaire, le lac une centaine de mètres plus bas apparaît dans toute son immensité. Le chauffeur de la voiture jaune a sans doute été surpris de notre arrêt inopiné, et s’immobilise cette fois derrière. Lui et son passager descendent en nous regardant ostensiblement et sortent un sac plastique duquel ils prennent un casse-croûte, qu’ils attaquent en restant accoudés à leur voiture. Là, çà commence à m’intriguer sérieusement. Je monte, reprends le volant, fais demi-tour et ils nous regardent nous éloigner en sens inverse. Avaient-ils prévenus des comparses qui quelques kilomètres plus loin auraient sans difficulté bloquer la route, et là pris en sandwich nous aurions été à leur merci ? Le Koléos les intéressait-il ? Les grosses voitures que l’on croise sont-elles toutes achetées ? Nous ne saurons jamais ce qu’ils nous voulaient, mais j’ai ressenti un profond malaise le temps qu’a duré cette petite aventure. Je me souviens m’être fait dépouiller de mes affaires au Pérou par un individu qui s’était quasiment fait accepter dans notre environnement comme non hostile.

 

ALBANIE

Shkoder

Nous voilà en Albanie. Première surprise, plus besoin de visa on ne paie plus rien. Je ne suis pas loin de penser que l’Albanie considère qu’elle appartient à l’Union Européenne. D’ailleurs si la monnaie locale est le lek, partout l’euro est accepté et il est presque inutile de faire du change. J’ai même constaté que lorsque vous payez en carte bleue, bien souvent c’est directement en euros. Au restaurant la note vous est présentée en leks, en euros et en dollars, à vous de choisir ! D’autre part, d’une façon générale les routes n’ont plus rien à voir avec celles que j’ai connues il y 15 ans. Les grands axes que nous avons empruntés sont de bonne qualité sur l’ensemble du territoire. Sur les petites routes on trouve encore des portions où alternent bitume et terre. Mais de toute évidence, l’Albanie est un pays qui s’adapte à grande vitesse.

La ville de Shkoder au bord de son immense lac, ne ressemble plus du tout à l’image que j’en avais gardée. Je me souvenais d’une ville, où le goudron avait disparu des rues et où les immenses mares d’eau étaient si nombreuses que l’on aurait dit des rivières ou des marécages et non des rues. Tout cela est bien fini, tout est propre, de nombreux bâtiments modernes ont remplacé les vieux bâtiments de l’ère communiste.

 

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Notre hôtel est absolument superbe. Il porte bien son nom « Tradita ». C’est une ancienne demeure albanaise, magnifiquement rénovée, au charme certain. Il est nécessaire de demander une chambre non borgne et là c’est le rêve. Pour un prix modique vous plongez dans la tradition albanaise. Le personnel est particulièrement attentif. On le sent pressé de bien faire, c’est émouvant et un peu rigolo. Dès que je suis dans ce pays j’ai vraiment le sentiment d’être dans ma deuxième patrie. Mon épouse qui appréhendait un peu est immédiatement conquise par tant de gentillesse. Le patron parle couramment le français et vient de temps à autre discuter de choses et d’autres. On sent que le monde il l’a beaucoup arpenté.

 

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intérieur de notre hôtel

 

Le centre ville est piéton, et fini les embouteillages dont je me souviens, faits de vieilles Mercédès fumant plus noir les unes que les autres. D’ailleurs le parc automobile est rénové, toujours beaucoup de Mercédès, mais pour la plupart de dernière génération.

 Shkoder c’est la ville du célèbre photographe albanais Pjeter Marubi (1834-1904).Ses photos de monuments ou de personnes en noir et blanc sont remarquables.

 

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photo de Marubi

 

Nous allons visiter son château sur une colline qui domine la cité, d’où la vue, en particulier sur le lac, est de tout premier plan. En trois ans j’y étais venu de nombreuses fois entre 1999 et 2002. Jamais ou presque je n’y avais rencontré âme qui vive. Ce matin le flot de touristes est impressionnant, qu’ils soient albanais ou étrangers. De nombreux bus se lancent dans des manœuvres laborieuses dans des espaces restreints. Je reconnais l’un des caractères albanais dont je me souvenais. Mais la dextérité des chauffeurs fait que tout se déroule sans incident, même si nous sommes restés prisonniers quelque temps dans notre voiture entre ces gros engins.

 

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Vue du château

 

Kruja

Bastion de la résistance albanaise à l’empire ottoman, la ville héberge un musée historique qui ne représente pas le même intérêt que celui de Tirana. Ce dernier étant plus particulièrement axé sur la période récente de l’ère de la dictature d’Enver Hodja. La ville vaut cependant le détour. Son bazar tout en longueur le long d’une jolie rue vaut le coup d’œil. En particulier les amateurs de vieux livres pourront y trouver des ouvrages intéressants sur l’ère de la dictature, aussi bien pour les textes que pour les images. Certains sont écrits en français. Je viens d’en acheter deux, dont l’un de Hodja qui raconte ses différentes entrevues avec Staline.

 

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Un poème de Vehbi Bala montre cet esprit de résistance  du peuple albanais:

 

                               L’Héroïne

Kelmendi, assiégé, était dans la misère :

Enfants, vieillards y mouraient par milliers.

L’Assemblée siégeait dans les montagnes altières

Qui dressent au ciel leurs versants escarpés.

 

Nora la Belle sort d’une chaumière,

Traverse le siège d’un pas accéléré.

-Me voilà Vuça Pacha, je suis ta prisonnière,

Mes compatriotes se meurent affamés ! »

 

-Sois la bienvenue ma belle Albanaise-

S’écria Vuça Pacha dévorant

Cette fraîche beauté de ses yeux de braise.

 

Et les monts retentirent tout tremblants

Lorsque Nora se lança de fureur

Et lui planta la dague dans le cœur.

 

J’ai tiré ce poème aux rimes approximatives en français, de la revue littéraire albanaise « Les lettres Albanaises »  numéro 4, 1984, qui était publiée sous la dictature. Attention à tout texte qui pouvait paraître non conforme aux canons de la pensée ! L’auteur s’exposait immédiatement aux différents châtiments en vigueur, entre relégation, emprisonnement, camp de concentration voire exécution.

                                                                                                                                                                     

 

Tirana

C’est avec émotion que je retrouve cette ville où j’ai habité trois ans. J’ai l’impression que j’ai rêvé cette époque maintenant lointaine, et qu’il s’agit d’une vie précédente. L’entrée de l’agglomération a  complètement changé. En effet, une multitude de grands buildings a été construite et la ville s’est considérablement étendue. Nous descendons dans un hôtel superbe, tout neuf, le LAS. Il est tenu par un couple aidé de leurs deux enfants, un garçon et une fille d’environ 18 ans. Accueil de tout premier plan.

Nous laissons notre voiture et partons nous promener au centre ville. La rue principale le boulevard Dëshmorët e Kombit a gardé son aspect d’il y a 15 ans avec tous ses ministères, même si certaines affectations ont changé. Par contre les autres rues sont méconnaissables. Elles sont bien goudronnées, les magasins sont nombreux et diversifiés et très bien achalandés. Il y a de la lumière, et la nuit tout est bien éclairé, alors que quinze ans auparavant, la seule lumière que l’on voyait dans l’obscurité provenait des poubelles qui brûlaient. Nous sommes aujourd’hui dans une ville moderne, où dès que la nuit tombe  la fête semble démarrer partout, sur les terrasses de café et dans les restaurants. La musique est toujours présente, qu’il s’agisse de sonorités anglo-saxonnes ou de chants plus langoureux balkaniques.

 

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                                                                    centre ville Tirana 

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                                             musée historique national

Berat

La ville aux mille fenêtres, ancienne cité ottomane qui garde un charme fou. Notre hôtel un peu avant la vieille ville est tout récent, ouvert seulement depuis trois mois. Il s’agit de véritables suites et non de chambres, dans un ancien combinat extrêmement bien réaménagé. Et une telle prestation pour 40 euros. Ça ne vaut pas le coup de s’en priver. Quant aux prix des repas de très bonne qualité comme partout en Albanie dans les hôtels il est dérisoire. Pour dix euros maximum, souvent cinq, vous faites un véritable festin avec un vin de très bonne qualité.

 

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Nous sommes arrivés vers midi en provenance de Tirana. Nous avons tout l’après-midi pour visiter la vieille ville et la magnifique citadelle qui la domine. De cette dernière, lorsque le temps est clair la vue porte sur la montagne du Tomor qui culmine à plus de 2400 mètres d’altitude. Si on dispose du temps nécessaire il est très intéressant de s’engager vers ce massif montagneux qui conduit dans l’Albanie profonde. Mais cette fois-ci ce ne sera pas le cas pour  nous. Ne disposant que de 20 jours pour un tour des Balkans, j’ai déjà du faire preuve de persuasion pour que nous restions une semaine dans ce merveilleux pays, l’Albanie.

Dans la citadelle il faut absolument visiter le musée des icônes. Elles sont remarquables vieilles de plusieurs siècles et très bien conservées. On doit à la présence d’esprit et l’initiative de la mairesse  de la ville au cours de l’explosion du pays en 1997 d’avoir conservé ce patrimoine exceptionnel. Voyant venir le chaos, elle a caché chez elle tous ces trésors et les a restitués lorsque les pillages prirent fin et l’ordre rétabli. Sans cette remarquable volonté, toutes ces œuvres de premier plan seraient dispersées chez des collectionneurs sans morale de par le monde. Dans l’enceinte du musée il y a une ancienne église orthodoxe avec une iconostase absolument magnifique, la plus émouvante que je connaisse. Il faut, au sommet de la citadelle, aller voir les gigantesques réservoirs d’eau enterrés qui permettaient une grande autonomie en cas de problème ou de siège.

 

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                                                     musée des icônes

Himara

Station balnéaire, qui elle aussi a beaucoup changé en quinze ans. La route qui va de Vlora à Saranda en passant par le col de Llogara et Himara n’a plus rien à voir avec la piste étroite d’antan. Ce coin du sud  de l’Albanie est l’un des endroits les plus beaux que je connaisse. Hélas trop peu de temps pour faire découvrir à mes compagnons les trésors cachés dans la montagne, comme les vieux villages de Qeparo ou Himara le vieux.

Notre hôtel apparaît très moyen aux standards de ma famille, mais cependant il permet une vue extraordinaire sur la mer et permet d’assister à un coucher de soleil de toute beauté.

 

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Malheureusement le mauvais temps qui nous a accompagné une bonne partie de notre périple ne nous a pas permis de jouir de l’extraordinaire panorama de la route de la riviera albanaise de Vlora à Himara.

 

Saranda

Bref arrêt le temps de prendre un café et d’admirer la mer Egée avec en toile de fond l’île de Corfou. Oui je sais, venir jusqu’ici et ne pas prendre le temps d’aller visiter le magnifique site de Butrint, mais voilà une semaine pour un pays c’est décidément bien trop court. En repartant nous passons par la curiosité géologique : l’œil bleu. Il s’agit d’une résurgence à fort débit dont l’eau présente une teinte admirable.

 

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Gjirokastra

Avec Berat ce sont les deux villes les plus typiques d’Albanie. Surnommée la ville de pierre du fait de ses toits en lauses épaisses. De cette cité sont originaires deux célébrités albanaises. Tout d’abord le dictateur Enver Hodja et puis, plus réjouissant, le célèbre écrivain Ismaël Kadaré. Si vous ne deviez lire qu’un seul de ses livres, je vous conseille «Avril brisé ». Il y décrit la vie des gens du nord de l’Albanie sous le joug de la loi du kanun, la vengeance par le sang. Cette coutume est malheureusement toujours d’actualité.

Notre hôtel qui porte le nom de la ville se trouve juste sous le château. Pour l’atteindre il nous faut monter par des rues d’une extrême raideur, à se demander si l’adhérence des pneus sur ces pavés polis sera suffisante. La chambre très vaste que nous occupons est de toute beauté, bien dans la tradition albanaise. L’hôtel est une entreprise familiale dont le restaurant est aussi très correct. Nous nous rendons au château qui coiffe la colline, le long de laquelle s’étagent les maisons de la cité. La vue y est de tout premier plan sur les toits  et les façades si caractéristiques de ce coin d’Albanie.

 

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notre chambre vue de l'extérieur

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notre chambre de l'intérieue

 

La visite du musée installé dans la forteresse est très instructive. On y découvre nombre d’œuvres, sculptures et peintures, à la gloire de la puissance et à l’héroïsme des combattants albanais. J’aime beaucoup l’art inspiré du réalisme socialiste, né en Union Soviétique. L’ère de la dictature albanaise s’en est beaucoup inspirée, et ce musée recèle nombre de pépites en la matière.

 

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Permet

Ville située sur la route entre Gjirokaster et Gorça. Cette route je ne la connaissais pas. Elle est tout à fait incroyable. Elle passe dans l’une des régions les plus désertes du pays. Elle est particulièrement tortueuse et il nous faudra au moins 6 heures pour effectuer une distance de 200 kilomètres, alors que le trafic est quasiment nul. Nous ferons une halte dans la petite ville de Permet. Elle est paisible et semble vivre à un rythme lent, très loin de la frénésie de Tirana. Aujourd’hui c’est jour de fête annuelle. Sur la place différents stands, dont l’un animé par les nostalgiques de l’ère de la dictature. Ils arborent des photos d’Enver Hodja. On voit bien aussi en Russie des nostalgiques de l’époque de puissance de l’URSS, qui s’affichent avec des effigies de Staline.

 

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statue à la gloire du combattant albanais

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nostalgiques de l'époque communiste

 

Gorça

Ville que l’on surnomme le « Petit Paris ». Après la première guerre mondiale elle a été sous administration française et on y trouvait encore à l’époque où j’habitais le pays, des personnes d’un certain âge qui parlaient notre langue sans le moindre accent. Hélas en 15 ans beaucoup ont dû mourir du fait de leur grand âge.

La ville a beaucoup changé. De grands bâtiments ont poussé de toutes parts. La partie ancienne constituée de jolies maisons du début du vingtième siècle d’inspiration sans doute italienne est à l’abandon. Manifestement l’argent pour rénover ce beau patrimoine fait défaut et tout est dans un état de décrépitude déplorable.

Notre hôtel présente une très belle façade récente. Mais l’arrière est de toute autre nature. La fenêtre de notre chambre donne sur une terrasse où s’entremêlent dans un fouillis indescriptible une multitude de fils électriques.

Au centre de la ville une imposante église orthodoxe de facture récente est implantée. Nous assistons à un mariage. La mariée a toutes les peines du monde à se déplacer dans sa robe, qui semble plus tenir du carcan que de la robe de mariée.

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A Gorça se trouve un cimetière militaire français où reposent 640 de nos concitoyens morts durant la première guerre mondiale dans des combats contre les forces de l’Axe, en particulier les Bulgares. Il m’est arrivé à trois reprises de présider au 11 novembre des cérémonies militaires dans ce coin reculé, situé pas très loin des frontières grecque et macédonienne. J’en garde un souvenir ému. La dernière année j’avais invité les différents attachés de défense étrangers, dont l’allemand et le bulgare.

Pogradec

Cette ville est au bord du lac d’Ohrid. Elle constitue notre dernière étape avant de passer la frontière en direction de la Macédoine. Ce lac de très grandes dimensions héberge un poisson que l’on trouve ici et dans le lac Baïkal et nulle part ailleurs. En albanais on l’appelle le Koran, il s’agit d’une grosse truite saumonée vivant en profondeur.

 

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Dans cette  cité habite un artiste que j’aime beaucoup le peintre Taso. D’ailleurs la peinture sous mon pseudo VF est de lui.

 

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Les derniers kilomètres nous conduisent à la frontière et un peu triste je quitte ce pays après une trop courte visite. Nous rentrons en Macédoine et le douanier macédonien est citoyen macédonien certes, mais aussi albanais. Il s’étonne que je parle sa langue l’albanais. Les Balkans c’est une mosaïque de peuples qui s’entremêlent  par delà les frontières. 

MACEDOINE

Ohrid

Jolie station balnéaire à la réputation internationale, nous y descendons dans un hôtel en plein centre qui donne sur le lac. L’endroit est charmant. Le tourisme y est particulièrement actif. Nous y passons un moment très agréable à déguster les différents poissons du lac et à goûter les vins blancs et rouge de bonne tenue. Il est à noter que le fameux Koran, il faut rester en Albanie pour le manger, car sa pêche est interdite en Macédoine, étant considéré comme une espèce protégée.

 

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 Bitola

Nous faisons un détour par cette ville. Nous voulons voir le cimetière militaire français qui contient les corps de 17 000 soldats morts dans des combats contre les Bulgares. Nous ne le trouvons pas et mettons le cap sur Skopje la capitale de Macédoine, après avoir bu un café au centre ville. Cette ville dégage  tristesse et pauvreté.

Skopje

Cette ville est étonnante, sa partie slave et sa partie albanaise sont très différentes. Le Vardar, fleuve qui traverse la cité est bordé d’immenses bâtiments bien entretenus. On est frappé en premier lieu par le  nombre incroyable de statues de bronze qui constellent les ponts et les places. On y croise des personnages de légendes comme Alexandre le conquérant ou des hommes politiques récents.

 

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La partie albanaise au contraire d’une ville de grands bâtiments,  nous ramène en Albanie avec ses rues pavées, son architecture balkanique et ses mosquées. La religion a l’air plus suivie ici qu’en Albanie, où les mosquées même si elles sont nombreuses restent généralement désertes.

 

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SERBIE

Belgrade

Immense ville qui s’étale sur de grandes distances. Nous logeons en plein centre à proximité immédiate de la Présidence de la République dans un hôtel assez étrange au charme désuet des grandes demeures du début du XXème siècle.  Au détour des rues, parfois on voit encore par endroits les traces du bombardement effectué durant, me semble-t-il trois longs mois par les aviations de pays de l’OTAN, dont la France fut le deuxième contributeur après les USA. La ville se trouve au confluent de la Save et du Danube.

 

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La longue rue qui conduit à la colline où se trouve l’ancienne forteresse est piétonne. Il est particulièrement agréable de s’y promener. J’ai recherché dans les nombreuses librairies des ouvrages sur la guerre récente, écrits par des Serbes et traduits en anglais. En effet, jusqu’à présent je n’ai jamais lu de textes venant de cette partie. Il est toujours instructif d’avoir la vérité de chacun.

 

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La visite de la forteresse est aussi très intéressante. En particulier, on peut y admirer le confluent de deux puissants cours d’eau la Save et le Danube. De la même manière à Mendoza j’avais cherché un livre sur la guerre de Malouines écrit par un Argentin, car les nombreux livres que j’avais lus à ce sujet étaient tous d’auteurs britanniques. Là encore on découvre des perceptions différentes d’un même évènement.

 

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Il nous reste trois jours et 1500 kilomètres avant de rentrer à Lyon. Notre voyage touche à sa fin. En trois étapes, exclusivement ou presque par autoroute, nous allons regagner les bords du Rhône.

 

CROATIE

Rijeka

Ville qui a été disputée au cours du temps entre la Croatie et l’Italie. Actuellement elle est le principal port de Croatie. Un centre ville piéton où nous faisons une balade nocturne avant d’aller faire un repas de poissons.

 

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ITALIE

Sirmione

Adorable petite cité sur le bord du lac de Garde, nichée tout au bout d’une presqu’île effilée. Nous descendons dans un hôtel au charme désuet et aux peintures un peu fanées. Mais sa situation est de tout premier plan. Son site archéologique, une immense villa romaine qui est située au point ultime de la presqu’île et son château qui en garde l’accès sont deux sites remarquables de ce très joli coin d’Italie. Comme dernière étape ce fut un enchantement. Je recommande très vivement la visite de ce lieu pittoresque, même si nous étions de véritables  hordes de touristes à l’assaut de cet endroit ravissant.

 

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