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16/07/2013

Escalade dans la vallée de Névache

                                                  

 

Cette merveilleuse vallée de Névache, située un peu au nord de Briançon, pas très loin de la frontière italienne, est réputée pour ses grandes balades et ses lacs. Par contre l’escalade n’attire pas des foules de grimpeurs. Nous avons décidé de nous rendre dans cette région de façon fortuite, chassés par le mauvais temps qui sévissait plus au sud dans l’Ubaye. Les prévisions y laissaient plus d’espoir aux adeptes de varappe que nous sommes. Effectivement le choix fut le bon. Même si certains jours les retours se firent sous la pluie, nous avons réussi durant cinq jours de belles escalades sur différentes parois de ce coin de paradis.

Le dimanche après-midi nous rejoignons en une courte montée le refuge du Chardonnet, jolie petite bâtisse au milieu d’une prairie à 2200 mètres d’altitude. Le début de la marche d’approche s’effectue le long de la Clarée, torrent de montagne à l’eau cristalline, qui dévale à vive allure, présentant une surface frangée d’écume, mais n’enlevant rien à la transparence de son onde.

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En juillet dans cette vallée réputée, nous avions un peu peur de trouver le lieu bondé, il n’en est rien, nous ne sommes pas très nombreux au refuge. Nous aurons même droit à une chambre pour deux, le rêve. Ces dernières années, j’ai constaté que la fréquentation des refuges de montagne n’était pas très importante. Faut-il y voir une désaffection, due à la crise ou aux conditions climatiques qui évoluent ? A moins que je sois particulièrement chanceux et que le hasard me guide aux endroits ou conjoncturellement l’affluence n’est pas présente ?

Cette vallée de Névache je la connais assez bien, pour l’avoir parcourue à pied et à ski, y avoir foulé son point culminant le Mont Thabor, au demeurant une immense « bavasse » dans un magnifique décor minéral. Mais l’escalade je ne me doutais pas qu’elle présentait un tel intérêt sur une belle qualité de montagnes, avec un grand choix de parois jusqu’à trois cents mètres de haut. La roche est majoritairement calcaire, bien que certaines parties soient formées de gneiss. Nous n’aurons pas l’occasion de grimper sur ce type de rocher, notre sélection de  voies  nous cantonnera uniquement au calcaire.  

Lundi 8 juillet Crête du Diable : voie L’enfer du décor 300 m TD+

Notre première destination sera la crête du Diable et le nom de la voie bien de circonstance « l’enfer du décor ». Du refuge nous prenons un vallon qui s’enfonce entre des faces de trois cents mètres et plus de hauteur. La plus esthétique est la crête du Raisin. Notre voie d’escalade se trouve de l’autre côté de ce vallon minéral et exceptionnellement enneigé pour un début juillet. L’ambiance est austère, il fait frais, de plus nous sommes en face ouest donc ne comptons pas sur le soleil avant midi. Les accès au pied de ces parois sont toujours pénibles, du fait des pierriers raides et croulants qu’il faut remonter. De plus ces endroits étant peu fréquentés, les traces y sont quasiment  inexistantes, d’où difficultés accrues sur des pierres qui roulent sous le pied.

 

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Après une courte halte au pied du rocher, le temps de s’équiper et de se sustenter quelque peu, nous attaquons la première partie de notre ascension. Elle consiste en de grandes dalles sur une centaine de mètres, où le rocher n’est pas excellent mais cependant convenable, la difficulté est assez sérieuse 5c et 6a.  Nous arrivons dans une zone de très mauvais rocher, heureusement pas très raide, donnant accès à la partie supérieure de notre itinéraire,  de toute beauté le long d’un calcaire compact. Mais d’abord il nous faut franchir cette portion très instable. J’effleure une grosse pierre, qui se met immédiatement en mouvement. Dans un premier temps elle me frôle en m’entaillant le bas de la jambe droite sur une vingtaine de centimètres, ce dont je ne me rends pas compte tout de suite. Puis elle continue son chemin, juste derrière moi Robert. Je vois cet énorme caillou, une cinquantaine de kilos lui tomber sur le bras. Je m’attends au pire. Après quelques secondes de stupeur, il s’avère qu’il a de nombreuses entailles superficielles sur l’avant-bras gauche, mais rien de cassé ou écrasé. En définitive plus de peur que de mal. Nos capacités physiques ne sont pas altérées.

 

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Que faire d’autre à part continuer ? Justement rien, donc en avant pour le sommet. Après 150 mètres d’une escalade de grande qualité, nous atteignons la croix sommitale de la crête du Diable, qui culmine aux environs des 2800 mètres.

 

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Le temps est clément, bien que quelques nuages commencent à s’amonceler en arrière-plan. Bien installés tous les trois sur cette cime nous avons tout loisir de contempler cette magnifique région. Il est surprenant de se trouver dans des coins des Alpes françaises, très réputés en été, et de ne voir personne. Ce sera le cas tout au long de ces cinq journées d’escalade. Après une demi-heure, Il est temps de redescendre. Par une série de rappels nous rejoignons un couloir qui en une centaine de mètres nous ramène au pied de la paroi. Cette dernière partie, dans laquelle alternent  neige raide et rocher très inconsistant nécessite beaucoup d’attention en chaussons d’escalade, car nous ne pouvons nous assurer. Nous reprenons le chemin du refuge, que nous atteignons sous la pluie.

 

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Mardi 8 juillet crête du Queyrellin voie la Grolle  200 m TD

Ce matin les conditions météorologiques ne sont pas très encourageantes, cependant la pluie ne devrait pas venir avant le début d’après-midi. Il ne faut pas hésiter, nous prenons le chemin du Queyrellin. La marche d’approche n’est pas très longue. Tout d’abord le sentier nous conduit auprès d’un magnifique petit lac, où à la descente nous pourrons observer un saumon de fontaine.

 

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Après un agréable cheminement à travers prairie, un pierrier beaucoup plus désagréable nous donne accès au pied de la paroi. Aujourd’hui encore nous sommes seuls et nous effectuons une jolie escalade difficile dans un cadre sauvage.

 

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La redescente en trois rappels dans une gorge sévère, enserrée entre des parois rendues d’autant plus sombre que le temps se dégrade, est un moment impressionnant. Ces exercices de descente de paroi raide en rappel sont des moments où il faut garder toute sa concentration, car l’accident dû à une fausse manœuvre est vite arrivé. Aujourd’hui encore nous terminons dans une pente de neige abrupte, heureusement nous pouvons nous y assurer. La redescente en direction du refuge est magnifique, bien qu’effectuée en partie sous la pluie. L’eau est présente tout au long de ce parcours, d’abord de petits lacs, puis une rivière, plutôt un torrent, tout en courbes qui court entre de grosses pierres.

 

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Mercredi 9 juillet crête du Queyrellin :  voie Nulle Part Ailleurs 150 m TD

Aujourd’hui les prévisions météo ne sont pas très bonnes. Nous décidons de retourner à la crête du Queyrellin, mais cette fois sur une partie de cette montagne plus proche du refuge. En effet cela nous permet d’être au pied de l’itinéraire envisagé en moins d’une heure. Il s’agit d’une magnifique escalade constituée d’un rocher d’une qualité exceptionnelle, comparable à ce que l’on trouve dans les gorges du Verdon. Effectivement sur 150 mètres nous allons le long de dalles raides quasi verticales, très adhérentes prendre un plaisir fou à nous déplacer.  Vers le haut une extraordinaire traversée sur un rocher aux teintes jaunes, dues à la présence de minuscules lichens (qui je le précise ne nuisent en aucune manière à l’adhérence des pieds), représente la quintessence de l’esthétique en escalade.

 

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Un retour rapide en trois rappels, nous permet de prendre la pluie de vitesse. Sur proposition de Christophe nous entreprenons de grimper une belle dalle de cinquante mètres de difficulté soutenue, 6a et 6b. Immense plaisir encore une fois, on se demande parfois comment on arrive à tenir en équilibre sur pratiquement rien pour les pieds et les mains dans des passages proches de la verticale !

 

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Un dernier rappel et nous nous retrouvons au pied des crêtes du Queyrellin, la pluie devenant de plus en plus menaçante. Il ne nous reste plus qu’à rejoindre le refuge, avant de quitter ce coin de paradis où nous venons de passer 3 jours merveilleux, d’une part pour les escalades de toute beauté et très sauvages que nous avons effectuées, mais aussi du fait de l’accueil dans ce refuge où la nourriture est du niveau d’un très bon restaurant, sans parler de la carte des vins et d’un rhum exceptionnel, si ma mémoire ne me trahit pas, qui provient du Venezuela et qui porte le joli nom plein de promesses : Diplomatico! On aurait dit un vieil armagnac, rond, suave et de grande longueur qui vous explose en bouche et exhale par le nez les plus merveilleux des arômes ! J’arrête là, car ce compte-rendu n’a pas vocation à dévoiler mes penchants naturels de bon Lyonnais !

Nous retrouvons donc la Clarée et son eau d’une clarté presque surnaturelle,  ainsi que notre voiture et partons à la recherche d’un logement que nous trouvons à Plampinet dans un gîte très sympathique. Maison historique qui au cours des siècles passés, fin du XIX et moitié du XX siècle était une caserne. Aux murs de vieux documents rappellent ces temps anciens, qui font la fierté bien justifiée de la propriétaire du lieu.

 

Jeudi 10 juillet Vallée Etroite contreforts du Pic Gaspard 180 mètres TD

Une fois encore les prévisions météo assez pessimistes nous incitent à rester relativement bas en altitude. Raison pour laquelle nous optons pour la Vallée Etroite, d’altitude modérée et permettant des marches d’approche très courtes. Autant d’atouts à prendre en compte, lorsqu’on risque de se lancer dans une course chronométrée contre la pluie. En effet, je connais peu de situations plus désagréables, que de devoir s’échapper d’une paroi difficile sous la pluie voire les éclairs, car les risques d’orages ne sont pas négligeables.

Afin de rejoindre la Vallée Etroite nous passons par le col de l’Echelle et découvrons cette vallée bordée d’immenses faces, en particulier la Paroi des Militaires, à-pic de plus de trois cents mètres qui démarre à même la route. Nous sommes au pied de notre voie d’escalade en un quart d’heure, un torrent à l’eau opalescente nous a accompagnés, le long duquel quelques pêcheurs s’activent, apparemment sans trop de résultats. L’escalade s’avère immédiatement particulièrement difficile, en surplomb sans aucune prise de pied et de main franche. Heureusement Christophe va laisser pendre dans les endroits les plus scabreux, 6c, des sangles que Robert et moi allons utiliser en nous hissant à pleines mains dans ces passages en dévers particulièrement dépourvus de prises. Il fait chaud et les efforts intenses sont pénibles. Dans la vallée à nos pieds les clarines des vaches nous apportent une petite touche de sérénité, alors que nous forçons tant et plus sur cette paroi, peut-être un peu au-dessus de la force que nous sommes capables de déployer dans nos doigts, suspendus dans des passages en dévers alors que les prises de pieds brillent par leur parcimonie ! Pour les presque papys que nous sommes, dans notre soixantième année (ouille) les passages vraiment sportifs au-delà de la verticale sans prises franches ou directes commencent sérieusement à nous poser des problèmes, d’autant plus que nous ne sommes pas des stakhanovistes de l’entraînement ! Mais bien que dépassés, l’effort extrême que nous fournissons pour nous hisser à la force des bras, les mains verrouillées sur les sangles mises en place par notre premier de cordée, nous procure un plaisir prodigieux. Lorsqu’après ces quelques passages extrêmes l’escalade redescend d’un bon niveau, 6a ou 5c, nous avons de la difficulté à nous saisir des prises de mains, tellement nos muscles de doigts ont été tétanisés. Mais heureusement avec les prises de mains les prises de pieds réapparaissent, alors la technique du positionnement de pied, bien acquise depuis de longues années, en particulier à Fontainebleau, permet de solliciter au minimum les doigts qui n’en peuvent plus. Encore une belle paroi effectuée dans laquelle nous aurons été seuls.

 

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Vers midi nous sommes de retour à la voiture. Contrairement aux prévisions le temps est magnifique. Christophe nous propose de monter au lac Vert qui se situe à trois quarts d’heure de marche. La montée le long du torrent au milieu des fleurs est particulièrement agréable. Au détour d’un dernier petit raidillon le lac se dévoile. Il est de toute beauté, d’une couleur verte émeraude, d’une limpidité totale. Nous en distinguons très précisément tous les détails du fond, en particulier un grand nombre de troncs d’arbres, immergés reposant horizontalement, semblant comme fossilisés.

 

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Nous distinguons une truite de belle taille, approximativement cinquante centimètres. Deux pêcheurs âgés d’une vingtaine d’années apparaissent avec l’intention de tenter leur chance dans ce paradis aquatique. Je les regarde avec des pensées quelque peu narquoises, car pour moi toutes les conditions sont réunies pour que les truites, généralement très méfiantes ne mordent pas. L’heure, la transparence de l’eau,  la présence de personnes qui font du bruit, le fait de les voir, donc elles nous voient aussi, et généralement c’est rédhibitoire. Eh bien en une demi-heure, toutes mes certitudes en matière de pêche à la truite vont s’effondrer, même plus se fracasser, à l’aune d’une réalité que je ne soupçonnais pas, car ils vont devant nos yeux incrédules sortir six belles truites farios, la plus petite faisant dans les quarante centimètres. Une semaine plus tard je n’en reviens toujours pas, moi qui me prenais pour un bon pêcheur, cette saison j’en suis à quarante et une, mais dans ma rivière la Moselotte dans les Vosges. Ces pêcheurs sont ardéchois et ils pratiquent le « no kill », c'est-à-dire qu’ils remettent les poissons à l’eau après les avoir délicatement décrochés. C’est aussi mon cas, sur les quarante et une prises je n’en ai gardé que sept. Mais je ne le dis pas toujours aux membres de ma famille, qui me reprocheraient de ne pas leur en donner quelques unes de plus !

 

Vendredi 11 juillet crête de la Moutouze : voie le bal des Vampires 250 m TD

Après une seconde nuit dans notre gîte de Plampinet, nous repartons dans le fond de la vallée de Névache, nous confronter à une magnifique arête. De plus, enfin les prévisions météorologiques sont favorables. Nous laissons notre véhicule tout au bout de la route ouverte à la circulation et partons en direction de cette crête qui se situe à proximité du lac des Béraudes. Cette marche d’approche au milieu des fleurs et des arbres est un enchantement. Au détour d’un mouvement nous surprenons un chevreuil de belle taille, qui rapidement nous détecte et disparaît comme une fusée. Un peu plus loin  un chamois, il ne nous a pas vus, nous le surplombons d’une cinquantaine de mètres. Tout à loisir nous l’observons brouter avidement une belle herbe bien drue. L’intérêt  de la montagne ne réside pas uniquement dans le plaisir de s’arracher les doigts sur des prises minuscules, qui font mal, mais aussi il se cache dans ces moments de hasard où l’on peut un peu à la manière d’un voyeur surprendre les habitants du lieu, le cœur battant en se demandant combien de temps vont-ils mettre à détecter notre présence ? Un peu plus loin deux bébés marmottes se roulent devant leur trou. Mais là-bas en arrière-plan notre arête commence à envahir tout l’espace, et l’appel se fait de plus en plus pressant.

 

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Nous quittons la forêt puis la prairie et abordons un pierrier raide dans lequel une légère trace nous facilite un peu la progression, et nous voilà au pied de notre cinquième et dernière escalade de cette semaine annuelle et rituelle. Deux cent cinquante mètres d’un rocher de grande qualité, permettant une escalade de toute beauté. La première moitié est proche de la verticale et nous demande de beaux efforts à nous tirer sur de toutes petites prises, bien souvent indirectes, donc demandant une succession de mouvements en opposition. Mais l’adhérence des chaussons d’escalade est maximale, et de cet équilibre subtil entre force et adhérence naît la joie la plus totale dans l’effort physique.

 

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En trois heures nous atteignons le sommet de cette crête de Moutouze. Perchés tout au sommet, sans crainte de l’orage nous nous délectons du panorama, qui nous dévoile cette magnifique vallée de Névache dans sa totalité.  A certains moments on voudrait que le temps s’arrête et l’éternité nous envahisse. Mais il faut penser à redescendre. En sept rappels, qui nous procurent de fortes montées d’adrénaline, car à plusieurs reprises nos cordes se bloquent. Mais le doigté tout en souplesse de Christophe nous sauvera  de rester prisonniers en pleine paroi.  Après de longues minutes  à tirer les cordes dans un sens, puis dans un autre, à essayer de leur donner un mouvement, dans l’espoir de les voir coulisser, enfin elles viennent, on se sent libéré d’une énorme pression.

Voilà cinq jours dont le souvenir nous habitera encore longtemps, pour ne pas dire toujours. Il ne nous reste plus qu’à nous donner rendez-vous l’année prochaine pour une nouvelle semaine de plaisir, accrochés dans de belles parois bien raides.

01/07/2013

Pyrénées à vélo par mauvais temps fin mai 2013

 

 

Ce premier semestre 2013 restera dans les annales pour ses conditions météorologiques particulièrement exécrables. L’année dernière,  nous avions effectué une jolie randonnée à travers les Pyrénées par bon nombre de cols mythiques comme le Tourmalet, Marie Blanque, Aspin et bien d’autres depuis l’Atlantique jusqu’à Montréjeau par un trajet concocté par Jean de l’ordre de 450 kilomètres en 6 jours.  Nous avions programmé de terminer en 2013 notre périple en rejoignant  la Méditerranée depuis cette dernière ville. A six il n’est pas toujours facile de trouver une date qui convienne à tous. Alors quand le mauvais temps s’en mêle, cela devient la quadrature du cercle. Mais outre l’envie de parcourir cette deuxième partie d’une traversée des Pyrénées, nous voulons vraiment passer une petite semaine ensemble, car nous avons beaucoup de choses à nous raconter sur nos différents voyages effectués, chacun de son côté en ce début d’année. Les prévisions sont catastrophiques, eh bien tant pis, nous partirons quand même ! 

Nous nous retrouvons tous le dimanche 26 mai au gîte « le Pigeon Voyageur » à quelques deux kilomètres de la gare. Nous arrivons pour deux d’entre nous de Lyon, Evelyne et Luc, un autre du pays basque André, un autre du Béarn Michel, un cinquième de Cannes un deuxième Michel, et pour finir notre gentil concepteur du trajet Jean, qui arrive de l’île de Gomera aux Canaries. Mais il est venu du Portugal à vélo, donc ces 6 jours en direction de la Méditerranée ne seront qu’une formalité.

Les retrouvailles de vieux compagnons de route sont toujours émouvantes. Les grands périples sur tous les continents reviennent en mémoire. Par delà les petites dissensions que la grande promiscuité durant de longues semaines à souffrir le long des routes et des chemins, ces expériences à vélo en dehors du temps et des espaces habituels font naître des amitiés à toute épreuve. En effet dans ces  longues errances, soumis aux aléas du climat de la route et du relief, l’âme est mise à nue et l’on dévoile sa vraie nature à l’autre ou aux autres. Dans ces épreuves au long cours il est difficile de tricher, voire impossible. Ses défauts, petits et grands, on les révèle, et c’est pour cela qu’une vraie amitié peut naître, car on est accepté tel que l’on est.

Dans ce gîte nous trouvons d’anciennes revues de montagne, dont l’une d’entre elles, relate la première  tentative d’escalade, sur la face est du Mont Valier, haute de 800 mètres, pyramide bien visible de la vallée, qui culmine à 2838 mètres. Cette entreprise s’était terminée par un drame, la chute mortelle des trois protagonistes, sur une paroi redoutable, plus pour son rocher incertain et la difficulté de s’y assurer, que du fait de la technicité de l’escalade. Cela se passait en 1957.

 

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Lundi 27 mai 70km de Montréjeau à Castillons-de-Couserans

Sans trop se presser nous prenons la route vers les 8 heures du matin. Contre toutes attentes le temps est assez beau. L’ambiance de ce premier jour est plutôt à la flânerie. Avec les pluies continuelles depuis des mois, la nature explose. Nous n’attendons pas longtemps pour faire notre première pause, café et gâteaux. C’est l’ambiance vacances. On en oublierait presque que nous sommes venus pour faire quelques centaines de kilomètres à vélo. A midi nouvel arrêt casse-croûte dans un petit village. Il ne fait quand même pas très chaud pour une fin de mois de mai. La petite difficulté de la journée se présente, pas si débonnaire, le col d’Aspet, belle rampe qui se termine par un raidillon de cinq kilomètres à 10% de moyenne.

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Vers les 17 heures nous rentrons dans le village de Castillons et rejoignons notre gîte dénommé « gîte de la Bouche » en plein centre. L’accueil y est de tout premier ordre. Nous y passons une soirée et une nuit excellentes.

 

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Mardi  28 mai 30 km de Castillons à Seix

Le temps est franchement maussade et les prévisions pour la journée nous enlèvent toute illusion. A l’ambiance du départ, on sait que ça ne va pas être une partie de plaisir. Il fait froid, quelques degrés. Très vite le ciel très noir commence à se déverser en une pluie glaciale et forte. Les quinze kilomètres de montée jusqu’au pas de la Core sont effectués dans une bourrasque qui s’intensifie au fur et à mesure que nous prenons de l’altitude. Le dernier kilomètre dans le brouillard, le vent et la pluie qui nous cingle le visage, nous donne à penser que la descente va nous transformer en véritables glaçons ; pas question de s’attendre au sommet, chacun fuit comme il le peut. Pour ma part à la première épingle en contrebas, je m’arrête et me change entièrement malgré le vent et les cataractes. Nous nous regroupons, 15 kilomètres plus bas, au village de Seix dans le premier bistrot que nous rencontrons. Nous sommes tous les 6 en hypothermie, incapables durant deux heures de réfréner les tremblements qui nous secouent des pieds à la tête. Notre étape du jour qui devait faire 80 kilomètres va prendre fin dans ce fond de vallée submergé par une pluie glaciale. Nous ne pourrons donc pas rejoindre notre point de chute prévu à Vicdessos, et nous perdons les arrhes versés, certes pas très importants, 7 euros par personne. Nous trouvons à nous loger dans ce charmant bourg d’Ariège Seix, à l’auberge du Mont Valier. Très bel accueil et belle prestation, les chambres au vieux parquet sont de toute beauté dans leur rusticité.

Nous profitons d’une accalmie dans l’après-midi pour aller découvrir  le village au travers de ses petites rues et de ses points de vue, en particulier sur son château et son église.

 

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Mercredi 29 mai  75 km Seix à Goulours

Ce matin les éléments semblent vouloir nous octroyer un répit. Ce n’est pas à proprement parler le beau temps, mais il ne pleut pas et la route est presque sèche. Départ matinal, car nous devons reprendre au cours de l’étape de ce jour le kilométrage non effectué hier et accomplir l’étape prévue.  Heureusement, par un aménagement de l’itinéraire, le trajet ne sera pas hors de portée. Tout commence par une longue montée en direction du col de Port, 1250 mètres. La pente n’est jamais très importante et à bon train nous effectuons ce parcours. Au col une auberge nous tente, et nous y faisons halte. Les conditions météorologiques depuis déjà pas mal de temps ont fait fuir les touristes. Les aubergistes en sont désolés.

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En remontant sur nos vélos nous regrettons presque de nous être arrêtés, car la pluie nous rattrape en venant de l’ouest. Mais elle reste active sur le relief et dès que nous avons effectué quelques kilomètres en direction de Tarascon-sur-Ariège, nous trouvons une route sèche. Une belle descente nous conduit au village de Bédeilhac, célèbre pour sa grotte étonnante à plus d’un titre. De là en quelques kilomètres nous sommes à Tarascon, et entreprenons de remonter sur Ax-les-Thermes. Ce parcours entre ces deux agglomérations nous paraît interminable.

Une fois dans cette ville, il nous reste une côte de quelques kilomètres qui nous conduit au gîte qui se trouve au lieu-dit la Forge. Lieu magnifique, situé au dessus d’un étang, les propriétaires sont hollandais. Depuis une expérience dans un hôtel tenu par un couple de Hollandais, certes très sympathiques, j’avais quelques inquiétudes quant aux repas. Eh bien, ce soir mes craintes se sont avérées totalement infondées. Le dîner fut superbe, une spécialité dont je ne me souviens pas le nom, mais provenant du Surinam, ancienne colonie hollandaise. Par contre la chambre dans laquelle je me trouvais avec l’un de mes camarades, était traversée en son centre par une énorme poutre, pas très haute, un peu plus d’un mètre au-dessus du sol. Les lits se trouvaient dessous. En nous levant nous avons à plusieurs reprises donné de sérieux coups de boule dedans. Ce fut pour  le moins désagréable.

 

 

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Jeudi 30 mai 85 km  de Goulours à Mosset

Ce matin le temps n’est pas terrible et les prévisions météo le prévoyaient. Les conditions sont tellement adverses, que certains parmi nous ont émis l’idée de redescendre à Ax-les-Thermes et de prendre le train. Mais manifestement la majorité ne comptait pas se contenter de ce genre de capitulation, et c’est comme cela que nous sommes gaillardement partis à l’assaut du col de la Pradel, qui culmine à 1680 mètres.  Dès les premiers tours de roue la pluie est arrivée. La route est adorable, très étroite, elle traverse de grandes forêts qui dans ce matin sombre sont très impressionnantes. Pas une voiture se perturbe le calme du lieu. Rapidement la pluie cède la place à la neige. Cette dernière tombe de plus en plus fort. Les flocons sont eux aussi de plus en plus gros. L’ambiance est franchement hivernale. La neige commence par tenir sur le bord de la route sur l’herbe. Plus nous approchons du sommet du col plus elle prend possession de la chaussée. C’est sur une route complètement enneigée que nous arrivons au point le plus haut. Nous éprouvons un immense plaisir à pédaler dans ces conditions inhabituelles.

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Nous basculons en versant nord dans la descente. Du fait de l’orientation l’épaisseur de neige augmente subitement sur cette pente orientée au septentrion. Nous faisons bien attention de ne pas perdre l’équilibre, nous descendons très lentement. En s’enfonçant dans les gorges du Rebenty, dans  une zone encaissée sous des escarpements, nous sommes arrêtés par un chasse-neige en pleine action de déblaiement.

Plus bas la neige cède à nouveau la place à la pluie. Très rapidement nous sommes trempés. Nous retrouvons les sensations de froid intense que nous avons connues il y a 48 heures. La descente est cependant moins longue, la déperdition chaleur sera donc moindre. Un pont enjambe la rivière. Nous le franchissons, une belle côte bien raide nous attend. Avant de l’attaquer nous nous sustentons sous une légère bruine.

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L’effort fourni dans cette montée nous réchauffe rapidement. Nous arrivons sur un plateau. Le temps reste maussade, mais la visibilité est bonne. Le paysage est de toute beauté. Avec les pluies qui durent depuis des semaines, la végétation est florissante. On pourrait se croire en Irlande et non dans les Pyrénées orientales, plus très loin de la mer Méditerranée. Un village, un hangar, Jean à la bonne idée de proposer d’y faire arrêt pour le repas de midi. Durant cette halte bien à l’abri d’un toit, la pluie redouble d’intensité. Mais au moment de partir elle faiblit, sans toutefois s’arrêter. Nous rejoignons la vallée de l’Aude que nous descendons sur une dizaine de kilomètres. Une fois encore, un pont, nous le franchissons et entamons la monté du col de Jau. Le panneau indicateur annonce 19 km pour le sommet, ça me donne un petit coup au moral. Je me dis que si ce col est dans les mêmes conditions que le précédent, cela va encore donner lieu à une belle bagarre. Heureusement il n’en sera rien. Le temps s’améliorera un peu, la pluie deviendra intermittente, et la déclivité ne sera pas très importante le long de cette rampe de 19 km. Vers le sommet le vent se fera plus présent. Nous nous abritons au col dans un bâtiment ouvert aux quatre vents. Nous nous lançons sans trop traîner dans une magnifique descente en direction de Mosset. Le froid aux mains est désagréable. Le ciel s’éclaircit, l’altitude diminue rapidement et nos corps se réchauffent. Nous sommes fin mai, et dès le plus petit rayon de soleil l’atmosphère gagne rapidement en chaleur.  Les montagnes dans cette fin d’après-midi partiellement ensoleillée prennent des teintes subtiles dans des tons pastel. Le Canigou reste drapé d’un épais manteau nuageux et il ne nous dévoile que ses soubassements. La neige descend incroyablement bas pour un dernier jour du mois de mai.

 

 

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Le village de Mosset, lumineux par un éclairage d’ouest,  apparaît tout en longueur sur une crête perpendiculaire à notre axe de descente. Nous le rejoignons rapidement. Une épicerie, proposant des cafés chauds, nous y faisons une halte prolongée. La tenancière très sympathique, nous indique notre gîte, et les prévient, car nos téléphones portables ne passent pas dans ces zones accidentées.

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 Nous profitons collés le long d'un mur du village à l'abri du vent des rayons du soleil qui nous prodiguent une douce chaleur que nos corps apprécient grandement. Nous nous arrachons à ce plaisir et nous rejoignons deux kilomètres sous le village le Domaine Saint Georges, vieille bâtisse au charme certain en pleine nature. Les chambres à trois lits sont spartiates et exigües, mais l’accueil est de tout premier ordre. Le repas du soir excellent dans une salle à manger pleine de charme, en compagnie des propriétaires, sera non seulement excellent, mais particulièrement animé. Il y sera question de champignons, on aura droit de contempler et de humer une partie de la cueillette de morilles de cette année. On y discutera aussi pêche à la truite, comparant les Vosges et  les Pyrénées orientales. On aura droit à l’anecdote des gardes pêche, qui surveillaient à la jumelle un pêcheur, en attendant qu’il commette une infraction, afin de lui tomber dessus. En effet, dans les lacs de montagne et les torrents, il est souvent interdit de pêcher avec des vairons comme appât. Notre pêcheur tout au long de l’après-midi avait essayé de prendre au ver une énorme truite de plus de cinq kilos. Cette dernière ne voulait rien savoir. Notre pêcheur en désespoir de cause, ne se résolvant pas à capituler, attrape un vairon et le met à son hameçon. La truite se jette dessus, une bagarre acharnée s’ensuit, qui se termine en défaveur du pêcheur, car le poisson cassa le fil. Mais les gardes n’avaient rien perdu du spectacle. Non seulement notre homme ne ramena pas sa truite, mais il écopa d’une amende, après procès, carabinée, d’un montant de plusieurs milliers d’euros. Avis aux amateurs, ne pas resquiller en matière de pêche à la truite, ou alors bien se planquer !

 

Vendredi 1 juin Mosset  90 km Saint-Laurent de Cerdans

Ce matin, comme les jours précédents, le ciel est bas et gris. Le Canigou reste toujours bien emmitouflé dans sa gangue de nuages. Le départ, après un petit-déjeuner sympathique, se fait sous un début de pluie. Cela augure mal de la journée. Mais rapidement le ciel va se dégager et la pluie prendre fin définitivement. Une longue descente nous conduit à Prades, où nous allons suivre la nationale 116 sur une quinzaine de kilomètres. Nous bifurquons à droite vers le charmant village de Bouleternère. Nous y faisons une pause café dans un estaminet très animé. Ensuite la route en direction du col Fourtou et du col Xalard  déroule ses courbes sous nos roues dans une ambiance méditerranéenne. Que cette douce chaleur est agréable après les très mauvaises conditions de ces derniers jours. Notre itinéraire tourne autour du Canigou, avant de plonger, dans une magnifique succession de virages sur 20 kilomètres, en direction de la petite ville thermale d’Amélie-les Bains. Cette ville me rappelle ma traversée des Pyrénées à pied cela fait maintenant sept ans. Que le temps passe vite et les années se précipitent !

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Encore quelques kilomètres sur une route très passante. Nous traversons Arles-sur- Tech, lieu de passage du GR10 en direction du Canigou. J’y avais dormi, avant d’attaquer à pied la longue montée vers ce sommet mythique. Un peu plus loin nous prenons une route à la pente régulière, qui en une dizaine de kilomètres nous conduit au camping de Saint-Laurent de Cerdans. Le gérant nous informe que le matin la température était de zéro degré ! Quelques courageux montent au village, éloigné d’un kilomètre, et ramènent les ingrédients du repas du soir, qui sera comme d’habitude très sympathique dans notre vaste mobil home.

 

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Samedi 2 juin  95 km Saint-Laurent de Cerdans à Cerbère

Le temps est au beau, mais le vent semble vouloir se mettre de la partie pour la journée. Dans ce coin il est fréquent est assez rageur et se dénomme lorsqu’il vient du nord la tramontane. Pour commencer nous mettons le cap sur l’Espagne, donc au sud et bien évidemment le vent est notre allié. Nous dépassons le village de Coustouges et jute après nous basculons en Espagne. Ce versant des Pyrénées est impressionnant, car constitué de vastes zones sans population. Cette impression on la ressent tout au long de la frontière de la Méditerranée à l’Atlantique. D’ailleurs j’envisage sérieusement un long périple d’au moins mille kilomètres à travers ces coins reculés, où tous les paysages  sont possibles.

 

La route que nous suivons nous conduit en descente douce jusqu’à la mer en une quarantaine de kilomètres. Une fois au bord de l’eau dans la région de la Jonquera, lieu de perdition et de frénésie du sexe, nous changeons de cap et repartons plein nord vers la France. Nous allons vivre un moment de grande émotion. En effet le long de cette route de toute beauté surplombant la mer, le vent va se déchaîner comme rarement je l’ai expérimenté. Une personne rencontrée nous dira que ce matin une pointe de 200 km/h a été enregistrée. Nous sommes ballottés comme des fétus de paille. Cela est dangereux, car lorsque les bourrasques nous bousculent nous pouvons être projetés contre les voitures. Cependant ces dernières, étant aussi très nettement chahutées, roulent avec grande prudence. Avant d’arriver à Port Bou nous traversons deux tunnels. Avec l’effet venturi le souffle qui nous percute est d’une force incroyable. Mais bien que très puissant, il est régulier à l'interieur des ouvrages, nous ne sommes donc pas trop déstabilisés. La sensation est époustouflante, arc-boutés sur les pédales on avance au maximum à cinq à l’heure en déployant des efforts considérables. Nous sommes incapables de nous adresser la moindre parole, tellement ce courant d’air en furie nous assourdit. Expérience étonnante !

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Une fois à Port Bou, nous décidons de rejoindre notre point de chute de ce soir par train. Il s’agit de Port-Vendres. Mais les horaires entre Espagne et France ne sont pas compatibles. Nous nous résignons à rejoindre Cerbère à vélo et de là envisager la suite par le rail. La route passe en hauteur le long d’arêtes particulièrement exposées aux rafales. Et justement c’est sur ce tronçon que le vent a été chronométré ce matin à 200. Nous avons une dizaine de kilomètres à parcourir. Très vite nous réalisons que ça va être sportif. Avec le relief tourmenté de la tombée des Pyrénées dans  la mer Méditerranée, par grand vent, se crée une aérologie locale complètement anarchique. On passe au détour d’un mouvement de terrain d’un vent très fort dans un sens à un vent de la même puissance mais en sens inverse. Dans une ligne droite bien pentue, je suis poussé puissamment, je ne pédale plus et j’accélère franchement. Sur les premiers mètres cela me fait franchement rire de monter sans pédaler, mais rapidement je me demande jusqu’à quelle vitesse je vais  être entraîné. Plus haut je vois un virage, vais-je le prendre ou bien la bourrasque va-t-elle me jeter dans le décor ? Après une centaine de mètres le vent va me lâcher. Un peu plus loin, nous sommes quatre à la fois à être précipités contre le rail de sécurité. S’il n’avait pas été là pour nous arrêter, nous aurions été éjéctés dans la pente raide en caillasse pleine d’épineux, qui descend jusqu'à la mer. Le bouquet final, fut le passage de la frontière, où nous avons rencontré un couple de cyclistes au long cours, une Polonaise et un Irlandais, bien planqués à l’abri du vent. Pour franchir le replat de la frontière, le vent adverse était  si puissant, que nous avons dû nous mettre à deux pour faire passer les vélos, l’un accroché au guidon, et l’autre poussant sur les sacoches, moment d’anthologie à deux roues !                                                                                                                                          

Une fois à Cerbère, nous avons pris le train pour rejoindre notre gîte. Lieu tout à fait étonnant en plein centre ville à proximité du port de Port Vendres. Le propriétaire est artiste peintre et dans la grande salle où nous avons dîné de bons poissons fraîchement pêchés nous avons pu admirer ses nombreuses œuvres, toutes dédiées aux beautés de ce coin de France. Voilà, ainsi ce termine un périple de 450 kilomètres entre passionnés de l’errance à vélo. Nous achevons ainsi notre traversée de la chaîne des Pyrénées que nous avions commencée l’année dernière d’Hendaye à Montréjeau. Il ne nous reste plus qu’à nous donner un nouveau rendez-vous pour une nouvelle aventure, avant que  le  groupe se disperse.